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Heureux
ceux qui ont faim et soif de justice,
car ils seront rassasiés
PAR YVES GUILLEMETTE
| heureux | pauvres | doux | affligés | justice |
| miséricordieux | coeurs
purs | artisans | persécutés | bonheur |
La justice dont il est question dans cette béatitude
ne doit pas être confondue avec la notion de justice qui découle
du Droit et qui est appliquée par les tribunaux. Pour comprendre
ce que signifie la justice dont il faut avoir faim et soif, il faut se
rapporter aux diverses mentions qui en est faite dans le Discours sur
la montagne (Mt
5,1-7,27).
La justice apparaît comme la condition
d'entrée dans le Royaume de Dieu. La justice des disciples de Jésus
doit dépasser la justice des Pharisiens: « Si votre justice
ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas
dans le Royaume de Dieu. » (Mt 5,20) Elle se définit
par l'exigence de perfection qui va au-delà d'une observance étroite
de la lettre de la Loi: « Vous donc, vous serez parfaits comme
votre Père du ciel est parfait. » (Mt 5,48) La justice
doit être pratiquée avec l'intention de plaire à Dieu
et non aux hommes: « Gardez-vous de pratiquer votre justice
devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez
pas de récompense auprès de votre Père qui est dans
les cieux. » (Mt 6,1)
On peut dire que la justice, au sens biblique
du terme, correspond à un ajustement de notre vie à la volonté
de Dieu ou à son projet de salut pour nous. Jésus nous demande
en somme de vivre en conformité avec notre vocation et notre dignité
de fils et de fille de Dieu. La recherche de cette justice, ou de cette
justesse de vie, doit être une priorité dans notre existence
quotidienne. Avoir faim et soif de la justice est une métaphore
qui désigne l'aspiration qui doit orienter la vie de l'homme dans
son rapport avec Dieu. La recherche de l'harmonie entre notre façon
de vivre et le projet de Dieu implique de notre part une participation
active, par la pratique concrète des exigences de la vie chrétienne,
par l'écoute attentive des conseils évangéliques,
par la docilité à l'action de l'Esprit Saint en nous. Avoir
faim et soif de la justice, c'est éprouver un petit ou un grand
creux que seul Dieu peut combler par son amour et le sens qu'il donne
à notre vie, c'est éprouver un ardent désir d'être
en communion avec lui par l'accueil de sa présence.
En fait, c'est Dieu qui suscite en nous
le désir de nous nourrir de sa présence: « Voici
venir des jours - oracle de Yahweh - où j'enverrai la faim dans
le pays, non pas une faim de pain, non pas une soif d'eau, mais d'entendre
la parole de Yahweh. » (Am 8,11). Cette présence bien
réelle nous est offerte en Jésus, par sa parole et son pain
de vie: « Qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus
jamais soif. » « Qui mange ce pain vivra à
jamais, et le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. »
(Jn 4,14; 6,51) Notre recherche de la justice est l'oeuvre de notre vie
et passe par notre volonté de vivre en disciple de Jésus.
Source : Le Feuillet biblique 1514 (1993).
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