LA PASSION (5/5)
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La douloureuse
Passion du Christ | appréciation
| source
| reconstitution
| anti-sémitisme
| PAR JEAN-FRANÇOIS PERREAULT
Mel Gibson a supervisé
de très près le tournage du film. Une résurrection d'aspect très accessoire La façon dont Mel Gibson a choisi de transposer la question du mystère pascal est loin d'être ingénieuse, en plus d'être peu fidèle aux sources évangéliques. S'inspirant des visions d'Anne-Catherine Emmerich, il nous montre le corps embaumé de Jésus « en train de ressusciter », avec le suaire qui se « dégonfle » progressivement, le tout baigné d'un rayon de lumière. La séquence se termine sur un plan de Jésus ressuscité, qui se lève pour sortir du tombeau. On ne peut dire qu'il s'agit là d'une représentation très subtile et très intelligente du mystère central de la foi chrétienne. Les évangiles ne décrivent pas du tout Jésus « en processus » de résurrection, puisqu'ils présentent l'expérience pascale selon la perspective des disciples. De toute évidence, Mel Gibson était peu intéressé par cet aspect du christianisme, qui est pourtant considéré comme le coeur de la foi chrétienne. Son film présente la résurrection de manière si expéditive que cela donne essentiellement l'impression d'un compromis à l'arraché, accordé en guise de consolation par rapport au long spectacle sanglant venant de se dérouler. Conclusion La Passion du Christ selon Mel Gibson s'avère être un film percutant, dans lequel le message chrétien est peu approfondi, étant dépeint à gros traits, sans grande nuance ou subtilité. On peut déplorer l'importance considérable accordée à l'aspect scabreux de plusieurs images associées aux tourments du Christ. Ceci semble suggérer que l'essentiel du message évangélique réside dans le supplice et la mort de Jésus de Nazareth. Cette adaptation au cinéma des douze dernières heures de la vie de Jésus dénote de la part du réalisateur des préoccupations très visibles de prosélytisme. Mel Gibson a tenu à diffuser l'interprétation qu'il privilégie des souffrances et de la mort du Christ et il semble bien y avoir réussi. Comme transposition à l'écran du message évangélique, il faut cependant admettre que le film de Gibson, malgré le luxe des moyens déployés, est loin de se hisser au sommet de la filmographie portant sur Jésus de Nazareth. Pasolini, pourtant incroyant, avait fait beaucoup mieux en 1964 avec son Évangile selon saint Matthieu. Lire aussi : Dossier précédent :
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