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Bible et culture
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LA PASSION (4/5)
 

La douloureuse Passion du Christ
selon Mel Gibson

| appréciation | source | reconstitution | anti-sémitisme |
|
résurrection et conclusion |

PAR JEAN-FRANÇOIS PERREAULT

 

Claudia

Le rôle de Claudia Proclès, l'épouse de Pilate,
est interprété par Claudia Gerini.
Photo : Philippe Antonello. - © 2003 Icon Distribution Inc.
 

La question de l'antisémitisme

     Le film de Gibson n'apparaît pas explicitement antisémite. Certes, le film est fidèle aux évangiles en attribuant la responsabilité de la mort de Jésus à un petit groupe de dirigeants religieux juifs mais cela n'est pas en soi antisémite. Tout comme les évangiles, le film accentue également le rôle du pouvoir religieux juif par rapport au pouvoir romain dans la condamnation de Jésus. Cependant, si on s'appuie sur des considérations historiques, le fait que celui-ci ait été crucifié implique que la responsabilité ultime de sa mort repose sur les épaules de l'autorité romaine, en l'occurrence Ponce Pilate, qui l'a probablement perçu comme un agitateur séditieux et qui lui a imposé la sentence en règle dans l'Empire pour ce genre de délit. En effet, l'imposition d'une condamnation à la crucifixion était du ressort exclusif des dirigeants romains sous le règne des Césars.

     On peut déplorer toutefois la façon particulière avec laquelle Gibson dépeint les grands-prêtres et les membres du Sanhédrin. En effet, dans le film, les chefs religieux juifs font preuve, à l'égard de Jésus, d'une vilenie, d'un acharnement et d'un mépris considérables, le tout accompagné d'une attitude de froideur et d'impassibilité presqu'inhumaine face aux souffrances de « leur » victime. Le comportement des grands-prêtres contraste de manière frappante avec la sympathie et la compassion bien évidentes que démontrent envers Jésus les dirigeants romains représentés par Pilate, son épouse Claudia Proclès et le centurion Abénadar. Tout cela contribue à générer le sentiment que les chefs religieux juifs sont, avec Satan, les « vilains » du récit. Il est vrai que les tortionnaires romains sont ceux qui infligent les épouvantables supplices au Christ, mais Gibson nous les présente comme de grands abrutis sans cervelle et sans conscience, tout à fait incapables de comprendre la portée de leurs actions au sein de la tragédie qui se déroule.

     Le fait que les dirigeants du judaïsme soient présentés dans le film de façon aussi odieuse peut être interprété comme une manifestation voilée d'antisémitisme. Les inquiétudes ressenties par plusieurs groupes juifs face à cette façon de dépeindre les autorités du judaïsme sont compréhensibles, d'autant plus que le film de Gibson engendre chez le spectateur une gamme d'émotions rendant difficile la distance et le jugement critiques.

suite

 

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La Matrice : un récit messianique