LA BIBLE ET LES FEMMES 8/9
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D’autres femmes du Nouveau Testament
Aux femmes déjà citées dans cette série d'articles, je pourrais en ajouter d’autres sur ma liste. Je pense à la femme « non identifiée », sans nom elle aussi, courbée, voûtée, incapable de se mettre debout depuis 18 ans (Lc 13,10-17). Jésus lui permet de réintégrer la société de laquelle elle était exclue à cause de son handicap. Il lui permet de se relever, fièrement, et d’avancer dans la vie dignement. Il y a également une autre femme qui est importante, celle qui a versé du parfum sur la tête de Jésus avant la Passion (Mc 14,1-11). Marc est le premier à raconter l’histoire de cette femme qui a fait une onction sur la tête de Jésus, un geste prophétique qui est raconté immédiatement avant la trahison de Judas, dans l’évangile de Marc. Elle connaît sûrement bien Jésus puisqu’elle semble bien consciente de ce qui est sur le point de se passer. Au sujet de cette femme qui a osé s'introduire dans ce dîner de fête et « gaspiller » son précieux parfum sur Jésus, Jésus dit : « Je vous l’assure : partout, dans le monde entier, où sera proclamé l’Évangile, on gardera aussi la mémoire de ce qu’a fait cette femme. » (Mc 14,9) On pourrait aussi parler de Marthe, sœur de Marie et de Lazare. Marthe est une femme active, animée par sa foi. C’est elle qui a insisté pour obtenir la résurrection de Lazare. Sa conversation avec Jésus est comparable à celle de Jésus avec la Samaritaine. Elle est une interlocutrice passionnée et exigeante dans son dialogue avec lui. Et elle fait, en Jn 11,27, une merveilleuse profession de foi, aussi dense que celle de Pierre. Lorsque Pierre déclare : « Tu es le christ, fils du Dieu vivant » (Mt 16,16), ça ressemble beaucoup à ce que dit Marthe : « Oui, Seigneur, [...], je crois que tu es Christ, fils de Dieu, envoyé dans le monde. » (Jn 11,27). Sur la profession de foi de Pierre, on a fondé sa primauté… Même si les paroles de Marthe n’ont pas eu autant d’impact que celles de Pierre, l’évangéliste Jean les a relatées dans une période de l’histoire où la parole d’une femme avait peu ou pas d’importance. On peut difficilement passer sous silence Marie, sœur de Marthe, assise aux pieds de Jésus. Elle est dans la position habituellement adoptée par tout disciple en formation auprès d’un maître qui transmet des connaissances. Ici, le Maître c’est Jésus. Des interprétations suggèrent qu’elle serait ainsi installée, comme une disciple, fort probablement pour recevoir l’instruction nécessaire à la transmission du message de Jésus. Et Jésus l’instruit comme il le fait pour tout autre disciple (Lc 10,38-42). Il confirme également l’importance qu’il lui accordait en l’autorisant à accéder à l’univers de la connaissance normalement réservé aux hommes. Et, dans les premiers temps de l’Église, il y a Phœbé, bras droit de Paul à Cenchrée, port de Corinthe, et Lydie, cette fondatrice de communauté chrétienne à Philippes, ville située au nord-est de la Grèce actuelle. Phœbé est ministre ou « diacre » (diakonos) et bienfaitrice de l'église de Cenchrée, comme Paul la nomme (Rm 16,1-2). Il utilise le même mot « diacre » onze autres fois, en se référant à des hommes. Son intention est claire : il veut dire qu'ils sont des leaders charismatiques de leurs communautés et des prédicateurs doués. On peut donc déduire que Phœbé était une ministre de la même façon que les hommes. On la nomme diakonos, comme eux, dans le texte grec; mais certaines bibles traduisent « diakonos » par « servante » lorsqu’il est question de Phœbé alors qu’elles parlent de diacres pour les hommes… Il y a également Lydie, chef d'une église de maison à Philippes. On sait que dans les premiers temps de l’Église, les chrétiennes et les chrétiens se réunissaient dans les maisons pour prier et faire mémoire de Jésus. Les bâtisses églises n’apparaîtront que beaucoup plus tard avec l’accroissement du nombre de chrétiens et de chrétiennes. On dit que Lydie a été la première femme convertie par Paul en Occident. C’était une importante marchande de pourpre, un tissu de grande qualité (Ac 16,11-15.40). Lydie était donc une femme d’influence [1]. Son cœur s’est enflammé le jour où Paul a parlé le premier à un groupe de femmes réunies pour prier. Tant et si bien, qu'elle demanda à Paul de la baptiser... ainsi que sa maisonnée. Puis, un peu comme les deux disciples sur la route d'Emmaüs, elle a exhorté Paul à rester à son domicile. Ce fut le début de la communauté préférée de Paul, celle de Philippes. Et cette femme de courage a présidé à cette église-maison, malgré les nombreuses menaces de persécution, durant cette période [2]. Marie, mère de Jésus, Marie de Magdala, comme la Samaritaine, la femme courbée, la femme disciple au pied de Jésus, sans oublier Marthe, Phœbé, Lydie, Priscille et bien d’autres ont joué un rôle crucial dans la transmission du message de Jésus. Malheureusement, on a tu leur ministère et accordé peu d’importance à leur rôle dans l’expansion du christianisme. Ces femmes présentées dans les évangiles et dans les Actes des Apôtres de même que Sara, Miryam, Débora et d’autres du Premier Testament ont avantage à être connues, comme vous avez pu le constater. Elles sont des femmes de foi qui ont su marcher sur des « chemins peu fréquentés » pour répondre à ce qui les animait profondément, à ce qu’elles percevaient comme un appel de Dieu/e à marcher vers une terre inconnue. Elles sont des femmes d’une grande liberté intérieure à l’écoute de leur intelligence et de leur cœur pour tenter de comprendre ce que Dieu/e attend vraiment d’elles comme contribution à son projet pour l’humanité. Leur mission a été reconnue par la communauté des croyants et des croyantes de telle sorte qu’elle a même été transmise aux générations futures à travers la Bible pourtant écrite dans un contexte patriarcal.
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