JÉSUS À L'ÉCRAN (3/6)
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Jésus à l'écran : un défi pour les cinéastes | sources | contexte | figure | miraculeux | mort et résurrection | conclusion | Deuxième partie : D'hier à aujourd'hui PAR JEAN-FRANÇOIS PERREAULT
La passion dans Au cinéma, les scènes entourant
la mort de Jésus sont souvent empreintes d'une grande théâtralité
versant dans un sensationnalisme un peu outrancier. Ce traitement édulcore
beaucoup le caractère profondément tragique de la mort de
Jésus. La crucifixion était un supplice particulièrement
horrible et dégradant, réservé par les autorités
romaines aux séditieux de la classe sociale la plus basse. L'exposition
du supplicié sur une croix de fortune servait habituellement de
mise en garde assez saisissante à l'égard de ceux ayant
des velléités d'insurrection ou de subversion. La crucifixion
de Jésus a donc sûrement constitué un événement
traumatisant pour ses disciples. Tous ces éléments ne sont
pas toujours transposés avec efficacité et crédibilité
dans les différentes productions sur la vie de Jésus. La main du Ressuscité
porte la marque de la crucifixion La question de la résurrection de
Jésus et de l'expérience pascale varie un peu selon les
films. Dans la plupart des cas, les réalisateurs ont illustré
assez littéralement les récits d'apparitions et de tombeau
vide, ce qui donne l'impression que la résurrection n'est ni plus
ni moins que la réanimation d'un cadavre enrichi de propriétés
particulières. C'est ce qu'on peut constater dans des productions
comme Le Roi des Rois de Nicholas Ray, Jésus, le film
de Peter Sykes et John Kirsh, la série télévisée
A.D. Anno Domini, réalisée en 1985 par Stuart Cooper
et Jésus, la mini-série de Roger Young. La découverte du tombeau
ouvert Il y a des productions qui se démarquent
un peu plus des autres en ce qui a trait à la représentation
de la résurrection. Dans Le Roi des Rois de DeMille, les
scènes associées à l'événement pascal
sont illustrées en couleur, contrairement au reste du film tourné
en noir et blanc. Ce procédé laisse suggérer que
le Christ ressuscité se situe dans une réalité différente.
Dans Jésus de Montréal (Denys Arcand, 1989), la transplantation
des organes de Daniel (joué par Lothaire Bluteau), pendant moderne
du Christ dans l'histoire, fait office de résurrection. La remarquable
fresque La plus grande histoire jamais contée propose, quant
à elle, un regard très intéressant sur l'expérience
pascale, par le biais du personnage de Marie-Madeleine. Cette dernière
(incarnée par Joanna Dunham) discute avec d'autres disciples et
se remémore certaines des paroles de Jésus en lien avec
les Écritures lorsque subitement, elle est saisie d'une expérience
intérieure intense. Cette expérience l'amène à
prendre spontanément conscience du « réveil »
de Jésus d'entre les morts. Si elle se rend au tombeau, ce n'est
que pour vérifier l'authenticité de sa révélation
intérieure. Jésus Christ Superstar (1973) Certains films omettent totalement l'épisode de la résurrection. C'est le cas des productions qui se disent préoccupées par l'humanité du personnage du Christ, telles que Jésus Christ, Superstar et La dernière tentation du Christ. Étonnamment, l'une des premières oeuvres majeures du cinéma muet, De la crèche à la croix, pourtant très fidèle aux évangiles et à la tradition, se clôt sur la crucifixion et oblitère les éléments associés à la résurrection. En y réfléchissant, ceci ne constitue pas nécessairement un mauvais choix. En effet, par ce procédé, le film réussit à maintenir toute la dimension de mystère entourant l'événement pascal. De cette façon, il rappelle que pour la foi chrétienne, la résurrection de Jésus est sensée constituer un phénomène qui transcende la réalité historique. Le survol que nous venons de faire sur les différentes représentations du Christ au cinéma et à la télévision nous permet de constater qu'une certaine interprétation du contenu évangélique est transmise par le biais des productions cinématographiques. Ce fait n'est pas à négliger, car pour beaucoup de personnes, le cinéma christique constitue l'un des contacts les plus marquants avec les évangiles et la personne de Jésus. Leur conception de la foi chrétienne en est souvent fortement influencée. Comme le cinéma reflète les schémas socioculturels d'une période donnée, il est compréhensible que les films reproduisent les représentations populaires en vogue afin de plaire à un public souvent exigeant. Ce qu'on remarque en ce qui concerne le cinéma de genre christique, c'est que depuis environ la fin des années 1970, un soucis de plus en plus grand se fait sentir de redécouvrir la dimension humaine et historique du personnage de Jésus. L'intérêt croissant que plusieurs portent au « Jésus de l'histoire » plutôt qu'au « Christ de la foi » semble démontrer cette observation. Si cette tendance se maintient, il sera particulièrement intéressant de suivre cette évolution de la mentalité religieuse et d'examiner comment le personnage de Jésus sera dépeint dans les oeuvres cinématographiques à venir. Article
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