LA MATRICE (7/7)
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Des remarques critiques sur la trilogie | introduction
| parcours
| correspondances
| aventure
| PAR PATRICE PERREAULT
Si la trilogie s'appuie grandement sur la mythologie chrétienne
dans son fondement et sa trame narrative, on réalise que d'autres
éléments culturels et religieux, passés ou contemporains,
s'entrecroisent dans le scénario. Songeons simplement à
la scène de la « célébration de la vie »
dans le temple de Zion qui fait beaucoup penser à une partie Rave.
En parallèle avec cette scène, on assiste à l'union
entre Neo et Trinity et on peut y voir une allusion à la puissance
de la fécondité dans l'union entre l'homme et la femme tel
qu'on le représentait dans certains cultes anciens. Nous retrouvons
également des éléments tirés d'autres religions
comme le bouddhisme; par exemple, le troisième film fait explicitement
mention de la notion de karma. En somme, la trilogie représente
bien un produit de son époque et se veut une oeuvre syncrétique
faisant référence à plusieurs influences religieuses
et sociales. De plus, on remarque que l'ensemble de la trilogie est fortement marqué par des valeurs androcentriques. À l'exception de Trinity, Niobe et de l'Oracle, ce sont des hommes qui mènent l'action principale des trois films. Les femmes occupent un espace plus effacé, voire tout-à-fait stéréotypé, comme c'est le cas avec le personnage de Perséphone. Nous retrouvons également l'envers de ce cliché avec Trinity qui, dans l'univers de la Matrice, prend des allures nettement androgynes et qui se bat et manie les armes à feu d'une manière très « masculine ». On voit donc que l'oeuvre de La Matrice demeure prisonnière d'une conception plutôt réductrice et étriquée des femmes. Il aurait été intéressant pour les scénaristes d'innover un peu plus à ce niveau et de présenter des personnages féminins forts mais qui demeurent plus crédibles et hors des stéréotypes (comme par exemple dans la série télévisée de science-fiction Farscape). La violence dépeinte dans les films de La Matrice est également un indice de ce caractère fortement androcentrique. Bien que certains aient fait observer qu'il pouvait s'agir d'une violence symbolique, on a de la difficulté à relier cette violence à un parcours initiatique (comme c'est le cas dans l'excellente transposition à l'écran de la trilogie du Seigneur des anneaux). De plus, il convient de se rappeler que pour chaque meurtre d'une version virtuelle d'un être humain dans l'univers de la Matrice, il y a un « véritable » personnage qui perd la vie dans l'univers réel. Conclusion En dépit des quelques réserves qu'on peut avoir concernant le caractère violent de plusieurs scènes ou la représentation parfois simpliste et conventionnelle de l'aspect « religieux » du récit, on doit reconnaître que la trilogie de La Matrice constitue un divertissement très intéressant à plus d'un titre. Les films sont visuellement hallucinants et l'intégration de certains aspects des jeux vidéo dans la conception cinématographique des scènes d'action est un élément très original. Au-delà de ces considérations techniques, on doit également saluer l'effort des frères Wachowski dans leur souhait de transposer à l'écran une version remaniée du thème du messie, de la quête personnelle, de la notion de liberté ainsi que du questionnement philosophique sur le sens de l'existence et sur le rapport au réel. Article précédent :
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