LA MATRICE (3/7)
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Correspondances bibliques et mythologiques | introduction
| parcours
| aventure
| sauveur
| PAR PATRICE PERREAULT
Il va sans dire que la trilogie de La Matrice se situe bien dans une logique biblique puisqu'elle reprend des thèmes familiers comme le salut, l'Apocalyse, l'éveil, etc. Suffisamment que nous pouvons presque identifier des correspondances précises entre des passages du Second Testament et des moments de chacun des films. Par exemple, nous pourrions appeler le premier film : « Le précurseur et le baptême de Neo », le second pourrait s'intituler : « Le ministère de Neo » et le dernier : « Le salut apporté par Neo ». Examinons plus attentivement des éléments
de cette trilogie en commençant simplement par les noms de lieux
et des personnages. Par exemple, prenons le nom du personnage féminin
principal, Trinity (Trinité). Bien que n'étant pas biblique,
ce nom fait clairement référence au christianisme. De manière
des plus ironique, les scénaristes font allusion au caractère
masculin de la conception de Dieu véhiculée par l'expression
« Trinité », dans la réplique de Reeves
au moment de sa première rencontre avec Trinity : « Je
croyais que vous étiez un homme! », s'exclame-t-il en
la voyant pour la première fois. Zion et son temple Un autre exemple de dénomination
biblique se retrouve dans le nom de la cité regroupant des humains
libérés, la ville de Zion. Zion (Sion) est le nom
symbolique de Jérusalem qui, selon certaines traditions bibliques
( Cf. Ps 126,1; Is 51,11),
rassembla les captifs de l'exil à Babylone. Le vaisseau de Morpheus
s'appelle ironiquement le Nabuchodonosor, nom emprunté au roi de
Babylone qui assiégea Jérusalem et qui déporta sa
population. Pour ce qui est de Morpheus lui-même, son nom est tiré
de la mythologie gréco-romaine. On découvre ici une analogie
entre Morphée, divinité du rêve, et le personnage
de Morpheus qui guide les gens entre le monde de l'illusion (la Matrice)
et le monde réel. Perséphone Ces analogies se poursuivent dans les deux autres films. Dans le deuxième volet de la trilogie, La Matrice Rechargée, nous rencontrons un couple de personnages qui sont des programmes : le Mérovingien et sa conjointe Perséphone. Ce couple fait allusion aux dieux des enfers, lieu où, dans la mythologie gréco-romaine, les âmes des trépassés subsistent de manière léthargique, un peu comme dans la Matrice. Ces deux personnages, assez hauts en couleur, exercent un rôle déterminant dans la suite des événements. De plus, à la fin du second film, le personnage de Neo rencontre un homme d'un certain âge qui, avec sa barbe blanche, son air de patriarche et son port impérieux, rappelle à première vue l'image de Dieu telle que souvent répandue. Étant donné que ce personnage est celui qui a donné naissance à la Matrice, il se donne le nom « d'Architecte ». Cette expression renvoie à la notion de « Grand Architecte » utilisée par le philosophe Voltaire pour désigner « l'Être suprême ». Voltaire parlait également de Dieu comme d'un « Grand Horloger », c'est-à-dire comme d'un artisan qui fabrique toute chose. Cette image de la divinité est désormais commune en Occident. Le stéréotype représenté par l'Architecte dans La Matrice est réellement celui de Dieu le Père et le gardien de l'ordre établi. Ce personnage aux allures « divines » explique à Neo qu'il tente de donner un sens au monde mais que ce sens lui échappe dans l'esthétisme de la liberté humaine qu'il décrit en termes électrochimiques. Au-delà de ces exemples présents dans les structures de surface de la trilogie, on se rend compte que c'est la trame narrative elle-même qui s'inspire de celle du Second Testament. Regardons plus en détails la trame générale de cette saga et essayons d'en dégager certains éléments judéo-chrétiens qui s'y dissimulent. Article précédent :
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