LA TERRE (2/4) | |||||
Maternité, fertilité et fermeté
Différents aspects de la vie humaine sont associés au symbole de la terre. À cause de la fertilité du sol, la terre représente parfois la féminité et la maternité. Elle est vue comme une matrice, un lieu de gestation d'où peut surgir la vie. Au niveau psychologique, le symbole de la terre peut servir à révéler les relations entre le moi conscient et l'inconscient. Nous ne développerons pas cet aspect ici, car il n'est pas vraiment présent dans la littérature biblique. Quant à l'histoire des religions, elle reconnaît que, dans toutes les cultures, la terre revêt un caractère sacré. Cela vient du fait qu'elle est associée à la vie, elle-même considérée comme sacrée. La terre est même parfois divinisée et personnifiée, s'accouplant au ciel ou au tonnerre pour être fécondée. Elle évoque tout le caractère mystérieux de la vie car elle est aussi bien le lieu où naissent des végétaux qui nourriront les êtres animés et celui qui accueille les êtres trépassés... Dans un tel contexte, des liens de solidarité se sont tissés entre les êtres vivants et la matière inanimée qui compose la terre. Des rites, cultes et coutumes associant la terre au cycle de la naissance et de la mort sont chose courante. Certaines mythologies font de la terre la déesse-mère, génitrice de l'ensemble des êtres vivants. Dans l'univers biblique, le symbolisme de la terre est beaucoup moins développé que dans les religions non israélites. Cela tient à ce que la foi yahviste ne reconnaît la divinité et le pouvoir de donner la vie qu'en Dieu seul. La terre n'est qu'au service de ce pouvoir. Elle intervient cependant de façon privilégiée, ce que le peuple d'lsraël reconnaît en donnant à la terre un caractère sacré, sans y insister beaucoup cependant. De fait, même si la terre est très souvent mentionnée et est un thème important, les écrits bibliques demeurent surtout à un niveau métaphorique. Dans de nombreuses expressions, la terre est utilisée pour désigner un état psychologique ou émotionnel. Se prosterner « face contre terre » est une marque de profond respect envers Dieu ou un personnage d'autorité. La personne qui tombe « face contre terre » est découragée, humiliée, abattue... L'expression « jeter à terre » désigne un changement soudain ou une victoire (Lamentations 2, 2). Au niveau symbolique, les rapprochements avec la psychologie humaine sont plutôt rares. En Osée 2, 4-5, on peut reconnaître une subtile évocation de la maternité par le symbole de la terre. Dans un autre ordre d'idée, le contact avec la terre représente un retour à un certain équilibre ou aux réalités concrètes. Si le serpent est condamné à ramper sur le sol, c'est pour le contraindre à revenir dans le droit chemin après une faute grave (Genèse 3, 14). De plus, la chute de Paul quand le Christ lui apparaît peut être vue comme un retour à la réalité après s'être perdu dans une fureur destructrice (Actes 9, 4; 22, 7). « Ton cur s'est enorgueilli à cause de ta beauté. Tu as corrompu ta sagesse à cause de ton éclat. Je t'ai jeté à terre, je t'ai offert en spectacle aux rois. (. . .) J'ai fait sortir de toi un feu pour te dévorer; je t'ai réduit en cendre sur la terre, aux yeux de tous ceux qui te regardaient » (Ézéchiel 28, 17-18). Jean Grou Pour lire la Bible... déterrée
Au cur du cycle vie-mort Chronique
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