chronique du 22 mars 2005
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Rédemption / rédempteur Hébreu : (ga'al) ou (padah) La notion de « rédemption » appartient au langage du droit. Dans la pratique courante, il peut s'agir d'une amende qui est infligée à la place d'une peine corporelle. Cette amende sera donnée en « rançon » de la vie du coupable. Prenons un exemple. Dans le code de l'Alliance, contenu dans le livre de l'Exode (21, 28-32), on énonce les peines qui seront infligées au propriétaire d'un boeuf qui a blessé ou tué une personne. On tient compte à la fois du comportement du boeuf et de la responsabilité de son propriétaire. La loi se lit comme suit: « Si un boeuf encorne un homme ou une femme et cause sa mort, le boeuf sera lapidé et l'on n'en mangera pas la viande, mais le propriétaire du boeuf sera quitte. » Il s'agit ici d'un accident involontaire. Par contre, si l'accident mortel est dû au manque de responsabilité du propriétaire d'un animal dangereux, le propriétaire est considéré coupable de négligence criminelle et devra être puni: « Mais si le boeuf donnait déjà de la corne auparavant, et que le propriétaire, averti de cela, ne l'a pas surveillé, s'il cause la mort d'un homme ou d'une femme, ce boeuf sera lapidé et son propriétaire sera mis à mort. Si on lui impose une "rançon", il devra donner pour le "rachat de sa vie" tout ce qui lui est imposé. » En Israël, la notion de rédemption prend une signification particulière dans le domaine familial. Nous sommes en présence ici de la profondeur des liens de solidarité qui unissent les membres d'une même famille. Il s'agit de l'obligation qu'un proche parent doit remplir pour préserver le patrimoine familial de la mainmise d'un étranger, ou pour venger l'honneur de la famille. On donne le nom de go'el à celui qui remplit cette obligation. La notion de rédemption ou de rachat s'applique en particulier dans la loi du lévirat. Cette loi prescrit au frère d'un époux décédé, sans avoir eu d'enfant, d'épouser la veuve afin de perpétuer le nom de celui qui est mort et, en même temps, d'éviter à la veuve une vie de misère: « Si des frères demeurent ensemble et que l'un d'eux vienne à mourir sans enfant, la femme du défunt ne se mariera pas au-dehors avec un homme d'une famille étrangère. Son "lévir" viendra à elle, il exercera son lévirat en la prenant pour épouse et le premier-né qu'elle enfantera relèvera le nom de son frère défunt; ainsi son nom ne sera pas effacé d'Israël. » (Deutéronome 25,5-6). Au plan théologique, la notion de rédemption s'applique à l'action libératrice de Yahweh qui a racheté Israël de la servitude en Égypte. Selon l'image utilisée par le prophète Osée, Yahweh s'est comporté comme le go'el d'Israël: « Quand Israël était jeune, je l'aimai, et d'Égypte j'appelai mon fils. » (Osée 11,1) En libérant son peuple de l'esclavage, Yahweh en a fait son fils. Au temps de l'exil, l'image du rachat sera employée pour désigner la libération réalisée par l'action de Cyrus, qui permet aux Israélites de retourner dans leur pays. Cyrus sera alors appelé « serviteur de Dieu ». Dans le Nouveau Testament, on utilise à quelques reprises le verbe « racheter » en relation avec le salut obtenu par Jésus Christ. La rédemption est toujours synonyme de pardon et de rémission des péchés: « Dieu nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. » (Colossiens 1, 13-14) C'est par le don de sa vie, accompli par amour et librement, que le Christ a racheté les êtres humains de l'esclavage du mal. Le Christ s'est comporté comme celui qui rétablit l'être humain dans la solidarité avec Dieu, ce Dieu qui veut à tout prix entretenir des liens d'affection paternelle avec les êtres humains. Yves Guillemette, ptre
Pour lire la Bible sur la rédemption... Dieu rachète son peuple en le libérant de l'esclavage d'Égypte: Exode 15,1-18; Prophète
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