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La prédication aux Grecs
Durant son séjour à Athènes, Paul s’entretient à la synagogue avec les Juifs et les craignant Dieu, et sur l’agora avec les passants. C’est là que des philosophes stoïciens et épicuriens l’abordent et, voulant en savoir davantage sur la nouvelle doctrine que Paul enseigne, ils l’amènent s’expliquer devant les autorités compétentes de l’Aréopage. La table est donc mise pour la rencontre entre le christianisme et l’hellénisme.
Le discours à l’Aréopage démontre le défi que représentait l’annonce de l’Évangile dans une culture différente de celle qui l’avait vu naître. Paul s’adresse à des philosophes qui regardent de haut la religion populaire fondée sur les récits mythologiques mais qui reconnaissent néanmoins une dimension religieuse à la quête spirituelle et à la réflexion philosophique. Le discours abordera la question de la connaissance de Dieu.
Dès le début du discours, Paul capte l’attention de ses éminents auditeurs en louant la piété religieuse des Athéniens qui, toute remarquable qu’elle soit, révèle ses limites notamment dans l’existence d’un autel au dieu inconnu. Paul y voit l’occasion d’annoncer le message évangélique : Ce que vous vénérez sans le connaître, voilà que, moi, je viens vous l’annoncer (vv. 22-23). Vient ensuite le corps du discours qui se partage en deux sections exposant l’œuvre de Dieu. La première est consacrée à la création du monde (vv. 24-25) et la seconde à la création de l’homme (vv. 26-29).
En lisant attentivement cette section, on note qu’une telle présentation de Dieu n’écarte nullement l’authenticité de la révélation telle que transmise par les Écritures, même s’il n’y a aucune mention de l’histoire d’Israël. Paul se fait cependant très critique à l’égard des cultes païens. Il montre le néant des œuvres humaines (temples, sacrifices, objets de culte) qui ne sauraient contenir le Dieu qui a fait l’univers et dont l’être humain peut se considérer de sa race. Les énoncés fondamentaux du discours se trouvent dans quatre négations : Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu'il contient, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, (1) n'habite pas les temples construits par l'homme, (2) et ne se fait pas servir par la main des hommes. (3) Il n'a besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le reste. […] Si donc nous sommes de la race de Dieu, (4) nous ne devons pas penser que la divinité ressemble à l'or, à l'argent ou à la pierre travaillés par l'art et l'imagination de l'homme (vv. 24-25.29). Paul ne fait que reprendre ici la critique prophétique de l’idolâtrie.
Paul mise en somme sur la quête spirituelle de tout homme de bonne volonté puisque Dieu a fait les hommes pour qu'ils cherchent Dieu et qu'ils essayent d'entrer en contact avec lui et de le trouver, lui qui, en vérité, n'est pas loin de chacun d’eux [de nous] (v. 27). Au terme du discours, Paul exhorte les auditeurs à se convertir, non pas de quelque faute morale, mais à se détourner de leur méconnaissance de Dieu pour accueillir la révélation qu’il leur donne de lui-même en l’homme qu’il a ressuscité d’entre les morts (v. 31). Paul ne peut nommer Jésus, les membres de l’Aréopage ne lui en donnant pas la chance, tant est inconcevable pour eux l’idée de se relever de la mort et reprendre corps.
Peut-on parler d’échec dans ce discours adressés aux intellectuels d’Athènes? Paul s’est montré accueillant et favorable aux expressions les plus hautes de la recherche de Dieu de ses auditeurs. Tout en faisant ce travail d’adaptation, il est demeuré fidèle à l’enseignement des Écritures. Il a tenté de formuler les grandes vérités de la révélation dans un langage compréhensible de ses destinataires et de rejoindre leurs aspirations profondes. Il ne saurait y avoir d’échec à ce niveau. Les Athéniens, comme les Juifs, avaient à faire un choix : croire au Christ ressuscité et espérer ressusciter avec lui, ou ne pas croire. En toute liberté, ils ont choisi de ne pas croire. En revanche, certains autres, parmi lesquels Denys l’Aréopagite et Damaris, une femme, ont cru. Pour reprendre une expression qui nous est devenue familière, Paul s’était situé dans l’ordre de la proposition de l’Évangile. Et à ce niveau encore, il n’y a pas lieu, à mon avis, de parler d’échec.
Source: Le Feuillet biblique, no 2189. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Chronique précédente :
Visage de Paul - L'apôtre des nations (7/12)
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