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La prédication aux Juifs
Dans son discours d’adieu aux Anciens de l’Église qui est à Éphèse et que lui-même a fondée, Paul dresse un bilan de sa mission pastorale. Il rappelle notamment qu’il a été un infatigable prédicateur de l’Évangile : Vous savez que je n'ai rien négligé de ce qui pouvait vous être utile; au contraire, j'ai prêché, je vous ai instruits en public ou dans vos maisons. J'adjurais les Juifs et les païens de se convertir à Dieu et de croire en notre Seigneur Jésus (Actes 20, 20-21).
Cet Évangile, Paul l’a maintes fois proclamé dans les villes et localités qu’il a traversées durant ses déplacements. Partout où il s’arrêtait, il commençait par se rendre à la synagogue pour ensuite s’adresser aux païens. À tous, il annonçait l’unique Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu révélé en Jésus Christ. Dans le livre des Actes des Apôtres, saint Luc a synthétisé la prédication de Paul dans deux discours types, l’un aux Juifs dans la synagogue d’Antioche de Pisidie (Ac 13, 14-43), l’autre aux Grecs à l’Aréopage d’Athènes (Ac 17, 22-34).
Il serait vain de vouloir chercher dans les discours d’Antioche et d’Athènes une transcription exacte des paroles de Paul. Luc a sans doute procédé comme les historiens anciens dont la méthode est bien exposée par Thucydide qui a vécu au 5e siècle avant Jésus Christ. Dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse, il décrit sa façon de faire à propos des discours qu’il rapporte : « En ce qui concerne les discours prononcés par les uns et les autres, soit juste avant, soit pendant la guerre, il était bien difficile d’en reproduire la teneur même avec exactitude, autant pour moi, quand je les avais personnellement entendus, que pour quiconque me les rapportait de telle ou telle provenance : j’ai exprimé ce qu’à mon avis ils auraient pu dire qui répondît le mieux à la situation, en me tenant, pour la pensée générale, le plus près possible des paroles réellement prononcées. »
Promesse accomplie
Dans la synagogue d’Antioche, Paul s’adresse aux Juifs et aux « craignant Dieu » (Ac 13, 14-43). Il leur annonce que leur espérance du salut est maintenant comblée car Dieu a accompli sa promesse d’envoyer un messie à son peuple. En ressuscitant Jésus que les autorités de Jérusalem avaient fait périr, Dieu signe alors la victoire de la vie sur le mal et la mort : Et nous, nous vous annonçons cette Bonne Nouvelle : la promesse que Dieu avait faite à nos pères, il l'a entièrement accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus; c'est ce qui est écrit au psaume deuxième : Tu es mon fils, aujourd'hui je t'ai engendré (Ac 13, 32-33).
La résurrection de Jésus est le sommet de toutes les œuvres que Dieu a réalisées à chaque étape de l’histoire d’Israël. Paul déploie généreusement cette histoire devant ses auditeurs (Ac 13, 17-23). Après avoir élu les pères et libéré son peuple de la servitude en Égypte; après l’avoir conduit au désert et installé au pays de Canaan; après lui avoir donné des chefs et choisi David comme roi selon son cœur, comme il l'avait promis, Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël, Jésus (v. 23). À ce point du discours, Jésus apparaît comme celui qui accomplit la promesse de libération que Dieu avait accolée à la révélation de son nom -YHWH- à Moïse (Exode 3, 7-15). C’est à la fin que Paul interpellera les auditeurs pour qu’ils accordent leur foi au Christ. Dans ce discours, on constate que Paul ne mentionne pas le nom de Moïse quand il évoque l’exode. Faut-il y voir la volonté de Paul de focaliser toute l’attention sur Jésus comme l’unique et véritable sauveur d’Israël ? C’est mon avis, d’autant plus que Paul conclue son discours par l’affirmation solennelle de sa thèse : le salut vient de la foi au Christ et non de l’observance de la loi de Moïse : Sachez-le donc, frères, c'est grâce à Jésus que le pardon des péchés vous est annoncé et, alors que, par la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être délivrés de vos péchés et devenir justes (v. 38).
Dans cette prédication aux Juifs d’Antioche, Luc donne à Paul des habiletés de rhéteur que celui-ci ne se reconnaissait pas. Le développement de la pensée est cependant de Paul, qui réussit à rendre ses auditeurs contemporains de tous les événements qu’il relate, comme pour en faire un mémorial. Ainsi chaque auditeur qui met sa foi dans le Christ peut considérer que la promesse de salut s’accomplit dans l’aujourd’hui de son existence.
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Suggestion de lecture
On peut comparer le discours de Paul à Antioche (Actes 13, 14-33) avec ceux de Pierre à la Pentecôte (Actes 2, 14-36) et chez le centurion Corneille (Actes 10, 34-43).
Source: Le Feuillet biblique, no 2187. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Chronique précédente :
Visage de Paul - Ministre de l'Évangile (5/12)
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