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Paul, apôtre du Christ Jésus
S’il avait fallu que l’on appliquât le critère défini par Pierre pour remplacer Judas (Actes 1, 21-22), Paul n’aurait pas pu être un apôtre. En effet, il n’avait pas accompagné les Douze tout le temps que Jésus avait vécu au milieu d’eux. Et de ce fait, il n’aurait pas pu être un témoin crédible de la résurrection. Il s’en est trouvé d’ailleurs pour contester à Paul son titre d’apôtre, un titre qui faisait sa fierté, et qu’il n’hésitait pas à mentionner au début de chacune de ses lettres, comme dans celle aux Corinthiens : Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu (1 Corinthiens 1, 1). Dans la Lettre aux Galates, il sera plus explicite : Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l’a ressuscité des morts (Ga 1, 1). Un peu plus loin, il ajoute : Mais quand celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens… (Ga 1, 15-16). Sa vocation d’apôtre remonte donc à sa rencontre du Christ sur la route de Damas et c’est pourquoi Paul revendique d’être témoin lui aussi du Christ ressuscité.
Envoyé pour évangéliser
Le terme « apôtre », du grec apostolos, désigne quelqu’un qui est appelé pour accomplir une mission. L’apôtre reconnaît que sa fonction dépend directement de celui qui l’envoie. L’apostolat a son origine dans la volonté de Dieu de communiquer son salut. Paul a bien conscience de jouer un rôle important dans la réalisation de ce projet, puisqu’il a été envoyé pour annoncer l’Évangile aux païens. À ses détracteurs qui lui demandent de se justifier, Paul répond qu’il n’a pas besoin d’autres preuves que les chrétiens eux-mêmes qui ont mis leur foi en Jésus Christ et qui vivent de l’Évangile : Recommençons-nous à nous recommander nous-mêmes ? Ou bien aurions-nous besoin, comme certains, de lettres de recommandation pour vous ou de vous ? Notre lettre, c’est vous, une lettre écrite en vos cœurs, connue et lue par tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs (2 Corinthiens 3, 1-3). C’est l’existence d’une communauté vivante qui assure la crédibilité de l’apôtre quand il annonce l’Évangile. Elle est la preuve de l’authenticité du ministère accompli au nom du Christ qui est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés.
L’apôtre étant un intendant des mystères de Dieu (1 Co 4, 1), on attend de lui qu’il soit fidèle. En effet l’apôtre représente celui qui l’envoie et en conséquence il est revêtu de sa qualité et de son autorité. De même que Dieu met ses paroles dans la bouche du prophète, ainsi le Christ confie-t-il son Évangile à son apôtre. C’est le Christ qui parle par son envoyé, qui agit par lui, qui confirme sa parole par les signes de conversion qui accompagnent sa prédication. Il agit toujours au nom du Seigneur. L’apôtre doit donc demeurer en liaison avec celui qui l’envoie en étant lui-même à l’écoute du mystère de Dieu, en se laissant lui-même transformer et façonner par la parole qu’il annonce.
Cette écoute attentive et cette relation intime avec le Seigneur sont des conditions essentielles pour que transparaisse l’œuvre du salut. Le but du ministère de l’apôtre est de favoriser l’accueil et la rencontre du Christ. Il doit donc cultiver dans sa vie les qualités mêmes de Dieu dans ses rapports avec les êtres humains, telles que la miséricorde, la douceur, la patience, la bonté. Ces qualités sont comme la porte par laquelle le Christ peut entrer dans la vie des gens: Qui vous accueille, m’accueille moi-même, et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé, disait Jésus à ses disciples (Matthieu 10, 40), ou encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, recevoir celui que j’enverrai, c’est me recevoir moi-même, et me recevoir c’est aussi recevoir Celui qui m’a envoyé (Jean 13, 20).
Source: Le Feuillet biblique, no 2185. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Chronique précédente :
Visage de Paul - Paul, serviteur de Jésus Christ (3/12)
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