L'accueil du don de Dieu par la foi
L’évangile de Jean développe une théologie à deux volets : celui du don, si on se place du côté de Dieu, et celui de la foi, si on se situe du côté de l’homme. Cette démarche théologique se déploie à travers une série de rencontres et de dialogues entre Jésus et divers interlocuteurs, comme Nicodème, la Samaritaine, les représentants juifs, les disciples.
Le volet du don est exposé dans l’affirmation solennelle qui suit le dialogue de Jésus avec Nicodème : Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais possède la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé (Jn 3, 16-17). Le prologue de l’évangile peut même être lu comme un hymne au don de Dieu avec son affirmation : Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.
Le volet de la foi, quant à lui, est largement développé dans le dialogue avec la Samaritaine. D’entrée de jeu, Jésus active chez elle le désir de chercher le don de Dieu : Si tu savais le don de Dieu et quel est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. (…) Tout homme qui boit de cette eau aura soif de nouveau ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle (Jn 4, 10.13-14).
La foi apparaît comme la réponse que donne une personne au Christ Jésus, le don de Dieu. L’évangile de Jean présente une diversité de cheminements qui conduisent à une foi tantôt bien affirmée tantôt hésitante, ainsi que le refus de croire. Il en est encore de même aujourd’hui. Dans la lettre Porta fidei dans laquelle Benoît XVI annonce l’Année de la foi (octobre 2012), il exhorte les fidèles à ne pas devenir « paresseux dans la foi ». Il écrit que la foi « est une compagne de vie qui permet de percevoir avec un regard toujours nouveau les merveilles que Dieu réalise pour nous ». Et il souhaite que ceux et celles qui se laissent éclairer par la Parole du Seigneur apportent un témoignage crédible qui puisse « ouvrir le cœur et l’esprit de beaucoup au désir de Dieu et de la vraie vie, celle qui n’a pas de fin ».
Dans l’expérience de la foi rapportée par l’évangéliste Jean, Jésus se présente comme un éducateur qui fait passer les personnes de leur univers humain à l'univers de Dieu. Ces passages profitent souvent d'un malentendu. Ce procédé littéraire est significatif du comportement humain. Les réalités de Dieu échappent malheureusement trop souvent à nos courtes vues. Nous sommes limités à notre univers quotidien, préoccupés par les tâches légitimes de la vie. Et pourtant c'est là que Dieu nous fait signe.
On pense à Nicodème qui confondait « naître d’en haut » et « naître à nouveau ». Le jeu de mot a beau s’expliquer par les deux sens de la préposition grecque ana, mais il n’en demeure pas moins que l’ouverture au don de Dieu exige de l’être humain un effort de discernement. Prenons aussi le cas de la Samaritaine. Jésus s'intéresse notamment à sa préoccupation de venir au puits chercher de l'eau pour ses besoins quotidiens. Au cours de la conversation, Jésus lui promet une eau qui jaillit en vie éternelle et qui étanchera sa soif à jamais. Mais elle y voit la promesse d'une eau qui coulerait abondamment presque à sa porte. Jésus dissipe peu à peu le malentendu et la met en confiance pour qu’elle en arrive à poser la question de l’adoration de Dieu. Ayant reconnu que Jésus est un prophète, un porte-parole de Dieu, elle devient de plus en plus attentive à la révélation que Jésus est l'eau vive donnée par Dieu aux êtres humains pour étancher leur soif et répondre à leur recherche du sens de la vie.
Source: Le Feuillet biblique, no 2317. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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L'Évangile selon saint Jean - L'humanité incontournable du Fils de Dieu (6/8)
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