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Les livres d'Esdras et de Néhémie (6/6)
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La naissance du judaïsmeLa période considérée marque un tournant décisif dans l’évolution de la foi et des pratiques religieuses du peuple juif. Le yahvisme d’avant l’exil devient le judaïsme. Dans les livres d’Esdras et de Néhémie on voit apparaître les traits caractéristiques de la piété juive des siècles suivants. Une conscience très vive du péchéNéhémie, Esdras et leurs contemporains sont marqués par cette prise de conscience du péché et de la solidarité dans le péché. On connaît la grande prière pénitentielle de Ne 9, 5b-37, les deux livres en contiennent d’autres : Esd 9, 6-15; Ne 1, 5-11. Cette prise de conscience s’accompagne d’une reconnaissance de la gratuité du salut (cf. par exemple : Esd 9, 15). On perçoit l’écho de l’enseignement des prophètes (par exemple : Éz 36, 22). Aujourd’hui encore, la fête principale du judaïsme est Yom Kippur, le jour du grand pardon. La place centrale de la LoiEn accordant à la loi juive le statut de droit particulier pour tous les Israélites, le roi perse lui conférait un caractère officiel et obligatoire, non seulement pour le territoire de la Judée mais pour tous les exilés habitant dans son empire (au moins ceux vivant dans les territoires à l’ouest de l’Euphrate). La disparition de la monarchie et le caractère occasionnel de la prophétie avaient laissé le peuple sans direction claire ni norme précise de son identité. La Loi vient combler ce vide. Désormais, être juif, c’est se soumettre à la Loi de Moïse. Cette loi n’est pas une contrainte mais un guide sûr pour mener une vie heureuse dans la fidélité à Dieu (cf. Ne 9, 13).
Le temple et le sacerdoceAvant l’exil, malgré quelques tentatives de centralisation (cf. 2 R 18,4; 23, 8-9), les sanctuaires locaux avaient continué d’exister de manière plus ou moins officielle. Après l’exil, le sanctuaire reconstruit devient véritablement le temple par excellence de la nation juive. (Le temple d’Éléphantine n’est jamais mentionné dans la Bible, celui des Samaritains au Garizim est objet de mépris cf. Si 50, 25-26). Il est remarquable que la restauration du temple soit placée en tête des projets entrepris par les premiers à revenir d’exil. Ce temple va rester au centre de la vie nationale jusqu’à sa destruction par les Romains en 70 PC. Après la disparition de Zorobabel le grand prêtre reste la principale autorité reconnue. C’est probablement pour souligner la préséance du sacerdoce que le rédacteur final a fait passer Esdras le prêtre avant Néhémie le laïc. On attache une grande importance à la légitimité des prêtres, lévites et autres membres du personnel au service du culte (cf. Ne 12, 1-26). Jusqu’à l’époque romaine, le grand-prêtre va demeurer l’interlocuteur par excellence face aux représentants des gouvernements étrangers qui dominent le pays. Jérusalem, la ville sainteMême si la ville restaurée par Néhémie était sans doute modeste, dans la mémoire et l’imaginaire des Juifs, c’est la ville par excellence, le lieu de résidence de Dieu sur la terre, le centre du monde. Pour les croyants des trois religions monothéistes, monter à Jérusalem est encore aujourd’hui une expérience spirituelle intense. Pour le chrétien, elle exprime l’attente de la venue de la Jérusalem nouvelle qui descend du ciel, de chez Dieu (Ap 21, 11).
Source: Le Feuillet biblique, no 2266. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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