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Les livres d'Esdras et de Néhémie (5/6)
 

Esdras et la Loi

Nous abordons le point le plus important et le plus difficile : la mission d’Esdras et la promulgation de la Loi de Moïse.

     Cette mission se déroule la septième année de Artaxerxès (Esd 7,8). D’après Esd 9,9, le temple et la ville ont déjà été reconstruits, ce qui situe l’événement après la mission de Néhémie, donc sous Artaxerxès II, dont la 7ième année correspond à 398 AC. Il y a 140 ans que les premiers exilés sont revenus à Jérusalem.

     La mission commence par un document officiel, donné en araméen, et définissant la tâche confiée à Esdras. On peut la résumer ainsi :

  1. Autorisation générale aux Juifs qui le désirent de s’établir à Jérusalem.
  2. Autorisation d’y transférer des fonds pour le temple ou pour d’autres usages permis par la loi.
  3. Mission personnelle d’Esdras pour l’application de la Loi de Dieu à Jérusalem et en Judée.
  4. Autorisation à Esdras d’établir des magistrats chargés d’appliquer cette loi aux populations concernées dans la province de Transeuphratène (sans doute les Samaritains et les Juifs établis en dehors du territoire de Judée).
  5. Ordre donné aux fonctionnaires royaux de soutenir la mission d’Esdras à l’intérieur de limites précises.

     Dans la suite du texte, on ne dit rien de la réalisation du 4ième point de la mission. Le 5ième ne semble pas avoir suscité de difficultés de la part des fonctionnaires concernés (cf. Esd 8, 36).

     Une nouvelle caravane s’organise autour d’Esdras, la liste de ses membres est donnée en Esd 8, 1-20. Il ne peut s’agir que de descendants à la 4ième ou 5ième génération des exilés du 6ième siècle. Il est difficile de voir ce qui motive leur départ : une nouvelle ferveur nationale et religieuse? Des conditions économiques et politiques plus favorables? On profita de l’autorisation royale pour acheminer à Jérusalem de l’argent monnayé et des objets précieux. Esdras décrit les précautions prises pour en assurer la sécurité. Ce voyage est raconté en Esd 8, 15-35.

La promulgation de la Loi

     Cette question est cruciale. Elle suppose l’existence d’une loi écrite qui va constituer le droit particulier du peuple juif, reconnu par les autorités perses comme loi du roi. Mais n’existait-il pas déjà une loi juive? On connaît le récit de la découverte d’un rouleau dans le temple à l’époque de Josias et de la réforme religieuse entreprise à cette occasion (2 R 22, 3—23,27). On pense que ce manuscrit devait contenir une 1ère édition du Deutéronome. La loi d’Esdras devait contenir en plus l’essentiel de la législation sacerdotale compilée durant l’exil et complétée depuis la restauration du temple. On y trouvait sans doute aussi certains des récits relatifs aux origines, aux patriarches, à l’exode et à la marche au désert, bref, un ensemble assez proche de notre Pentateuque.

     Une telle collection n’a pas dû naître spontanément. Il est difficile de reconstituer les étapes ayant conduit à l’ensemble que nous connaissons. On peut supposer que la reconnaissance de la Torah comme législation officielle du peuple juif a été un facteur déterminant puisqu’il a fallu fournir à la chancellerie perse un exemplaire de la loi qui devait être promulguée.

La fête du septième mois

     Pour reconstituer le fil des événements, il faut lire à la suite : 7, 7b – 8, 18; 10,1.29-40; Esd 9,1–10,44; 9, 1-37. Il est difficile d’imaginer pourquoi les éléments d’un récit aussi important ont été ainsi disloqués.

     Le tout débute par la lecture solennelle de la Loi  ( 8). Il est intéressant de noter que le texte, lu en hébreu, doit être traduit en araméen qui est devenu la langue d’usage de la population. L’étape suivante est la ratification de cette loi par les chefs des familles les plus en vue ( 10). Cette séquence rappelle la cérémonie de renouvellement de l’Alliance en 2 R 23, 1-3, après la lecture de la loi sous Josias. Les points majeurs retenus concernent les mariages mixtes, le sabbat, la remise des dettes, l’approvisionnement du temple et de ses ministres, toutes questions ayant déjà été traitées par Néhémie mais pas encore complètement réglées.

     La question des mariages avec des femmes étrangères donne lieu à un autre rassemblement au 9ième mois (Esd 9 et 10). La solution retenue est radicale : ceux-là avaient tous pris des femmes étrangères; ils les renvoyèrent, femmes et enfants (Esd 10, 44). La grande prière pénitentielle de 9, 5-37 est explicitement rattachée à cet épisode (cf. 9, 2). Son contenu n’est pas spécifiquement en lien avec la situation. Il s’inspire du Deutéronome et des prophètes et reflète bien la spiritualité de la période du Second temple.

     La mission d’Esdras a duré moins d’un an – du 1er au 10ième mois de 398 AC  mais elle a marqué de manière décisive l’histoire du judaïsme et, à travers lui, de la foi chrétienne.


Jérôme Longtin, prêtre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2265. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Les livres d'Esdras et de Néhémie : La restauration de la ville. L'oeuvre de Néhémie. (4/6)

 

 

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