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Osons explorer le Lévitique! (2/6)
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Des gens qui expriment savoir et savoir-faireDans le premier texte de cette série sur le Lévitique, nous avons compris que son exploration peut nous apprendre beaucoup. Il y a cependant une condition. Il faut regarder au-delà des aspects surprenants ou irritants des coutumes et des règles. Voici une triple consigne qui semble à première vue abusive et insignifiante. En 8, 22-24, une étape du rite de consécration du grand-prêtre consiste à marquer trois parties du corps avec le sang d’un bélier égorgé pour la circonstance.
Il semble logique de marquer Aaron et ses fils avec le sang qu’ils devront gérer dans les sacrifices quotidiens. Mais pourquoi préciser dans le rituel les endroits du corps où il faut appliquer ce sang? Pour nous, la mention de la droite peut même être source de malaise… politique! Dans la culture méditerranéenne, le côté noble de la personne était, autrefois comme maintenant, le côté droit. Mais pourquoi mentionner l’oreille, le pouce de la main et le pouce du pied? Y déposer du sang met en jeu les trois zones du corps humain. À la zone supérieure symbolisée par l'oreille correspondent les activités de communication. La zone médiane symbolisée par la main évoque l'activité et la puissance. Enfin, la zone inférieure représentée par le pied évoque la mobilité. On évoque donc le corps humain dans sa totalité. Le triple geste sera repris en 14, 14.25 pour marquer la réintégration du lépreux guéri dans sa communauté. Ce parallèle avec la consécration du grand prêtre est fascinant! Le non-dit du rituel traduit concrètement les consensus de l’époque sur la représentation du corps humain. Un tel savoir était tellement partagé qu’il n’était pas nécessaire de l’expliquer. Nous fonctionnons de la même façon à notre époque. Nous comprenons facilement une publicité de 15 secondes à la télé. Les concepteurs du message savent quels savoirs acquis rendent possible la compréhension instantanée du message. Ce phénomène joue beaucoup dans le Lévitique. Des manières de faire sont décrites de manière précise sans fournir les raisons qui justifient ces rituels et ces règles. De temps à autre, le Lévitique lève finalement le voile sur les raisons qui justifient les règles. Ce savoir-faire exprime des connaissances auxquelles le peuple de Dieu accordait une importance extrême. C’est le cas pour le sang. Dès le premier chapitre, le Lévitique décrit des rites qui réservent aux sacrificateurs dûment consacrés les gestes de manipulation du sang. Pourquoi un si grand respect? Les dernières parties du long mode d’emploi des sacrifices (qui couvre les sept premiers chapitres) ne s’expliquent pas là-dessus :
Il faut atteindre 17, 11-14 pour découvrir que le principe se résume ainsi : « le sang, c’est la vie! » Le verset 11 affirme que le sang est le lieu de résidence de la vie : …car l’âme de la chair est dans le sang ; et moi je vous l’ai donné sur l’autel, en sacrifice de pardon pour vos âmes ; car c’est le sang qui apporte pardon pour l’âme. Notre biologie contemporaine nuance cette affirmation. Dans un contexte où les seules connaissances scientifiques disponibles étaient celles qui s'élaborent à l'œil nu, on comprenait de manière plus limitée que nous les phénomènes complexes de la vie. Les premières générations chrétiennes ont d'ailleurs adhéré à cette vision des choses concernant l’importance du sang, en s’interdisant de le consommer (Actes 15, 20.29; 21, 25).
Source: Le Feuillet biblique, no 2299. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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