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Osons explorer le Lévitique! (1/6)
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Un livre étrange, des enseignements pertinentsLe troisième livre de la Bible n’intéresse pas grand monde aujourd’hui. Pourquoi perdre du temps à lire cinq interminables descriptions de sacrifices alors que la résurrection de Jésus a rendu cette quincaillerie inutile? Ce n’est là qu’un des arguments qu’on peut utiliser pour justifier notre dédain devant les textes « poussiéreux » du Lévitique. En voici d’autres. À cause du surnom que lui donne la littérature rabbinique, « la Torah des prêtres » ne semble pas concerner les croyants ordinaires. D’autres lecteurs s’avouent franchement dégoûtés par les règles de gestion du sang et les précisions un peu maniaques des schémas de sacrifices. Enfin, il semble difficile d’accorder une quelconque crédibilité pour ces règles qu’aurait énoncées Dieu aux nomades du désert en fonction d’un mode de vie sédentaire alors inaccessible. La position physique du livre dans la Bible invite à dépasser toutes ces objections. Le Lévitique occupe une position privilégiée au milieu de la Torah, les cinq livres bibliques les plus importants selon les Juifs. Le Lévitique en occupe le centre! Troisième livre sur cinq dans la Torah, le Lévitique jouit d’une position qui attirait l’attention des lecteurs des temps anciens. L’histoire récente du Judaïsme nous apprend que cette fascination ne se dément pas. Le Lévitique est le livre biblique utilisé comme manuel d’instruction religieuse fondamentale par les jeunes Juifs, encore aujourd’hui. Il doit bien y avoir là quelques matériaux inspirants en plus des descriptions de sacrifices de petit et de gros bétail… Continuons à déconstruire les objections. En lisant attentivement le Lévitique, nous découvrons que le surnom de « Torah des prêtres » ne décrit pas l’ampleur des propos du livre. Les premiers versets du livre élargissent le groupe des destinataires. Je traduis littéralement le deuxième verset du chapitre 1 : Quand un ADAM parmi vous approchera une offrande vers YHWH… Le terme « Adam » ne désigne pas seulement des hommes-prêtres ou des personnes de sexe masculin. Comme nous l’apprend le récit de création dans la Genèse, le terme a une acceptation plus large. Il désignerait toute personne humaine. Le chapitre 2 s’ouvre avec un mot différent, mais à portée aussi large : Et toute âme (NEPHESH), quand elle approchera comme offrande une offrande de gâteau… Cette instance sur la « démocratie » en jeu dans les règles du Lévitique ne vous convainc pas de son intérêt? Vous avez encore une ou deux objections! Vous ressentez une petite nausée à sa première lecture : il y du sang partout dans le Lévitique. Et des limites à respecter en matière de sexualité. Et des consignes pour des jours de fête et de jeûne… Ces directives concernant les sacrifices, l’exercice de la génitalité, les rythmes du calendrier vous semblent inapplicables, dépassées ou utopiques. Prendre le temps de lire les textes qui véhiculent ces directives a malgré tout une grande utilité. Que ces textes nous semblent opaques ne veut pas dire automatiquement qu’ils sont inutiles et dignes de la poubelle de l’oubli! En effet, dans leur formulation très concentrée, ces textes « qui ne disent pas tout » nous révèlent discrètement la vision du monde communément acceptée au moment de leur rédaction. Plusieurs éléments de compréhension du monde allaient de soi : personne ne déplorait leur absence dans le texte, car « tout le monde était au courant »! Dans les prochaines semaines, nous lirons avec attention des directives du Lévitique concernant les sacrifices, l’exercice de la génitalité, les rythmes du calendrier. Ce sont des indicateurs d'appartenance, de rôles, de frontières et de limites. Ces directives basées sur la simple observation du monde à l’œil nu sont inapplicables en notre époque de télescopes et de microscopes. Par contre, le raisonnement utilisé autrefois pour formuler la directive peut s’avérer encore utile aujourd’hui. On peut donc étudier le Lévitique pour plusieurs raisons. On voudra connaître le point de vue de nos pères et mères dans la foi sur des réalités importantes de la vie, et de la vie avec Dieu. En plus de transmettre la carte mentale d'une époque disparue, ces indices nous aident à voir au-delà de ce que nous prenons pour acquis. Après tout, qui a mieux à proposer en notre époque que la constante invitation que nous entendons au fil des pages du Lévitique : partager la sainteté du Dieu d’Israël qui a su la rendre accessible à l’humanité? Source: Le Feuillet biblique, no 2298. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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