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Chemins de Carême à la rencontre de Dieu (6/7)
 

Le sacrifice de l'amour

Très tôt, les premiers chrétiens ont dû se livrer à la difficile tâche de discerner le sens de la mort de Jésus, le Juste par excellence (Actes 3, 14), celui qui s’était manifesté vivant aux apôtres après sa mort et sa résurrection. Ils devaient donc s'ouvrir à l'intelligence des Écritures : la Loi, les Prophètes et les Psaumes.

     Leur réflexion s'est fixée sur l'interprétation sacrificielle de la mort de Jésus. Il était quasi inévitable que ce modèle s'imposât chez les premiers chrétiens à cause de leur appartenance à l'univers religieux et culturel juif où l'on pratiquait encore les sacrifices au Temple. On voit donc apparaître assez tôt une formule brève de profession de foi que Paul a reçue et qu'il transmet à son tour : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures (1 Co 15, 3-4). Quant à l'auteur de la Lettre aux Hébreux, il démontre la caducité du culte exercé au Temple car le Christ, dans sa mort et sa résurrection, est à la fois le grand prêtre, la victime et l'autel du sacrifice. Il efface de manière définitive le péché qui obstrue la relation entre Dieu et les hommes. L'interprétation de la mort de Jésus comme sacrifice était déjà présente dans les évangiles, notamment dans le récit de la Cène où Jésus livre déjà son corps et verse son sang pour la multitude et pour la rémission des péchés.

     En se référant aux pratiques cultuelles toujours en usage, on associe Jésus à l'agneau pascal, plus particulièrement chez Jean. Mais c'est surtout le sacrifice pour le péché et le sacrifice de réparation qui deviendront la référence pour comprendre la mort de Jésus. On pouvait dès lors l'associer à la victime animale sans tache que l'on offrait régulièrement « à cause des » fautes du peuple. Par ces sacrifices, les Israélites célébraient un Dieu prêt à pardonner au peuple ses infidélités aux observances de l'alliance. Si Jésus fut une victime consentante, on pouvait comprendre que les fautes des hommes sont l'une des causes de la présence du mal dans le monde, et que ce mal s'est déchaîné contre Jésus.

     L'auteur de la Lettre aux Hébreux affirme que le sacrifice de Jésus a accompli ce que ces sacrifices ne parvenaient pas à produire : le Christ est mort une fois pour toutes pour la rémission des péchés et l'établissement des hommes dans une relation de communion avec Dieu. Pour lui comme pour les autres écrivains du Nouveau Testament, la résurrection atteste que la mort de Jésus a été agréée par Dieu. Dans ce sens, le Christ est mort « pour nous », au « bénéfice des hommes ». Mais il ne faut pas oublier que, avant de mourir « pour nous », Jésus a d'abord vécu « pour nous ». Toute sa vie a été une « vie pour » les autres, afin de tracer le chemin de ce que doit être la vie de ses disciples : une «vie pour» Dieu et les autres. Une vie nouvelle est alors offerte aux chrétiens : en solidarité avec le Christ, ils ont la capacité de « vivre pour » Dieu, étant libérés de l'emprise du mal, en conformant leur manière de vivre à l'Évangile.

     Enfin la réflexion de saint Jean ouvre une autre voie. Par amour, Dieu a donné son Fils au monde. Jésus consacrera toute sa vie à révéler cet amour. Telle est la volonté du Père. La réalité de l'incarnation assume la liberté des hommes et la possibilité que ceux-ci refusent l'amour. La comparaison avec le bon pasteur indique que Jésus a l'intention de pousser cet amour divin jusqu'à son extrême limite, dût-il se confronter à la mort. Que serait l'amour qui s'esquive devant le mal? Pour Jean, le don que Jésus fait librement de sa vie est le témoignage ultime que seul l'amour de Dieu a la puissance de vaincre le mal et de faire entrer les êtres humains dans l'intimité de Dieu et dans la plénitude de la vie.

 

Yves Guillemette, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2309. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Chemins de Carême à la rencontre de Dieu : Voir Dieu de dos (5/7)

 

 

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