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Chemins de Carême à la rencontre de Dieu (5/7)
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Voir Dieu de dosMoïse lui dit: « Fais-moi de grâce voir ta gloire. » Et Dieu dit: « Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé. Je fais grâce à qui je fais grâce et j'ai pitié de qui j'ai pitié. Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre. » Yahvé dit encore: « Voici une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos; mais ma face, on ne peut la voir. » (Ex 33, 18-23) La connaissance du nom de Dieu ne suffit pas à Moïse. Il veut davantage : il demande que Dieu lui révèle son visage et lui fasse voir sa gloire. Sur terre, Moïse cherche l’impossible : partager une totale intimité avec Dieu. Il y a dans ce désir quelque chose qui rejoint saint Jean qui affirme qu’un jour nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons face à face (1 Jean 3, 2). Moïse demande donc à Dieu de lui faire voir la splendeur de son éclat, comme si toutes les beautés de la création, toutes les actions de Dieu dans l’histoire et toutes les découvertes de l’intelligence humaine ne suffisaient pas à refléter la gloire de Dieu. C’est leur auteur lui-même que Moïse veut contempler. Moïse veut connaître Dieu tel qu’il est, et non comme lui s’imagine le connaître en le ramenant à hauteur d’homme. Il faudra attendre l’incarnation du Fils de Dieu pour que se réalise le désir de Moïse : Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Car la Loi fut donnée par Moïse; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître. (Jn 1, 16-18). Même là, la connaissance que nous en avons ici-bas est contrainte par les limites de notre capacité humaine de connaître. Mais le mouvement est amorcé : le désir de s’ouvrir de plus en plus au mystère de Dieu et au sens de sa grandeur, de sa beauté et de sa transcendance. Il y a dans le désir de Moïse une préfiguration de la Transfiguration, où il s’entretient avec Jésus et le prophète Élie. Le désir de Moïse de voir la gloire de Dieu renferme de profondes dimensions de l’expérience religieuse : le désir de connaître Dieu jusqu’à contempler son visage et communier pleinement avec Dieu; la dépendance par rapport à l’initiative de Dieu qui seul peut se faire voir; la connaissance partielle d’un Dieu qui ne se fait voir que de dos, après son passage. Ce n’est que de dos que nous pouvoir voir Dieu. Dieu est là, présent dans notre vie, mais ce ne sont que les traces ou les signes de son passage que nous pouvons discerner. Même si nous ne pouvons appréhender qu’une infime partie du mystère de Dieu, il n’en demeure pas moins que Dieu est présent dans la part de mystère qu’il nous est possible de saisir. On ne peut le saisir que partiellement et imparfaitement. La connaissance de Dieu n’est jamais complète ni terminée une fois pour toutes. Si Dieu ne se faire voir que de dos, c’est qu’il veut que nous ne cessions jamais, une fois qu’il est passé, de tendre vers lui, de le désirer et de le chercher de tout notre cœur, de tout notre esprit, de toute notre force. Lorsque Dieu répondra à son désir (Ex 34, 5-6), non seulement passera-t-il en révélant son nom mais en développant aussi tout ce que ce nom contient : tendresse, pitié, douceur, grâce et fidélité. En révélant à Moïse la richesse de son nom, Dieu lui fait découvrir qu’il est Dieu pour et avec l’homme. Cette relation interpersonnelle est au cœur de l’alliance entre Dieu et Israël, et elle atteindra sa pleine stature dans le don du Fils de Dieu. Jésus sera au cœur du dialogue entre Dieu et l’homme.
Source: Le Feuillet biblique, no 2308. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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