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Chemins de Carême à la rencontre de Dieu (4/7)
 

Dieu au Nom indéfinissable

Moïse dit à Dieu : « Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis : Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous. Mais s'ils me disent: Quel est son nom?, que leur dirai-je? » Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui est. » Et il dit : « Voici ce que tu diras aux Israélites: Je suis m'a envoyé vers vous. » (Exode 3, 13-14)

     Voilà Moïse sur la terre sainte où Dieu lui fera connaître son projet de salut. Il y a dans notre vie une terre sainte, un espace que Dieu veut occuper. Cet espace nous permet de le rencontrer, de dialoguer avec lui notamment par la prière. Il y a une terre sainte où il nous révèle son nom, où nous avons besoin de revenir pour faire le point sur notre relation avec lui, et pour qu’il nous relance dans notre parcours de foi, où il se révèle toujours autre que ce que nous connaissons déjà de lui. Cette terre sainte est le lieu où nous nous approchons pour comprendre, pour discerner, pour avoir l’intelligence de ce que nous vivons. Par exemple, la route d’Emmaüs fut une terre sainte où les deux disciples firent la rencontre du Christ et eurent l’intelligence de son mystère et du sens de sa mission. Cette terre sainte, que l’on doit approcher comme sur la pointe des pieds, fait jaillir en nous cette prière : Seigneur, je ne sais pas toujours qui tu es et qui tu seras, mais je veux que tu me conduises dans ton mystère.

     Moïse veut connaître Dieu d’une connaissance personnelle. Le Dieu de ses pères lui révélera le nom qui désormais sera attaché à son dessin de salut et de libération. En effet, Dieu révèle son nom à Moïse non pas exclusivement pour lui-même, comme un privilège, mais pour le faire connaître aux autres. La connaissance de Dieu n’est pas une chasse gardée. Ceux qui le connaissent ont la responsabilité d’en être les témoins pour aider les autres à entrer à leur tour dans cette connaissance. Quand Jésus révélera à ses disciples le nom avec lequel il s’adresse à Dieu comme Père, il leur confie la responsabilité de se comporter comme des frères et des sœurs à l’égard des autres personnes. Il leur confère la mission de construire le monde de la fraternité qui correspond au dessein divin de salut. À partir du moment où Dieu révèle son nom, le dialogue avec lui devient possible.

     La révélation de ce nom a ceci de particulier qu’il ne relève pas de l’initiative divine, mais du désir de Moïse de le connaître. Dieu reste évasif; il ne dit pas vraiment son nom afin que l’on n’exerce pas un pouvoir sur lui. Il n’y a pas de véritable refus, mais la révélation d’un tel nom indique que son nom ne peut pas être connu ni prononcé par l’homme. On peut donc traduire par «Je suis celui qui suis» ou par « Je suis : je suis ». Il faut accepter que Dieu soit autre que tous les noms dont nous pouvons l’étiqueter. Il échappera toujours à l’homme, car il est l’Innommable, l’Indéfinissable, l’Indicible. Nous pouvons toujours être mu par le désir de connaître Dieu, mais en même temps il faut accepter qu’il révèle de lui-même quelque chose qui nous déconcerte. Le Nom divin est à la fois « une révélation de Dieu en même temps qu’une révélation du mystère de Dieu. Dieu se révèle, se découvre dans son Nom, même si ce Nom demeure mystérieux » (Jacques Loew, La prière à l’école des grands priants,  p. 54). Le Nom divin nous place à la fois devant la transcendance de Dieu et la découverte de nos limites.

     Comme le nom de Dieu l’indique, ce n’est pas parce que nous le connaissons que Dieu est désormais limité à ce que nous savons de lui. Le nom par lequel Dieu se désigne ne l’enferme pas dans un concept, mais ouvre à la personne humaine la possibilité de le rencontrer à l’œuvre dans son histoire personnelle et collective. Dieu garde l’être humain dans la dynamique d’une découverte qui ne sera jamais terminée. C’est un nom qui attise le désir du croyant de chercher Dieu sans se lasser. Dieu sera toujours autre que ce que nous pouvons dire de lui.

 

Yves Guillemette, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2307. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Chemins de Carême à la rencontre de Dieu : La curiosité en vaut le détour (3/7)

 

 

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