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2e série - L'Évangile selon saint Matthieu (4/7)
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Un texte structuréQuand un architecte élabore un grand édifice, il essaie d’unifier le tout en utilisant un « vocabulaire » de formes et de procédés de construction qui permet aux utilisateurs de sentir l’unité d’ensemble. C’est un peu la même chose pour un texte. L’Évangile selon Matthieu est long, et pourtant le texte dégage une grande netteté du propos. Des procédures de rédaction utilisées de manière systématique finissent par donner du rythme et dégager de la perspective. Ce long évangile est comme une basilique littéraire qui regroupe plein d’éléments emboîtés les uns dans les autres. Pour dresser l’inventaire des moyens de structuration utilisés par le ou les rédacteurs, j’ai consulté un gros bouquin qui fait le tour de la littérature scientifique : The Anchor Bible Dictionary, Doubleday 1992, pages IV, 627-629. J’y ai trouvé un article de John P. Meier qui fournit beaucoup d’informations utiles. Des procédés structurantsMeier est fasciné par les sommaires qui concluent des sections entières. Par exemple, l’évangile introduit et conclut la section présentant Jésus comme enseignant et guérisseur à l’aide d’une inclusion très claire :
Le texte utilise également des inclusions plus serrées (ces répétitions de formules au début et à la fin) pour des sections de textes plus brèves. On gagne à comparer la première et la huitième béatitude (5, 3.10). Ailleurs, des regroupements numériques amalgament différents éléments. L’amalgame se fait souvent par 3 ou par multiples de 3 : neuf béatitudes en 5, 3-12; six antithèses en 5, 21-48; trois pratiques pieuses (6, 1-18); neuf récits de miracles (8-9); trois prédictions de la Passion en route vers Jérusalem (16, 21; 17, 22-23; 20, 18-19). D’autres procédés sont utilisés. On constate que l’auteur a donné un format comparable à des contenus semblables, comme les controverses en 12 et 21-22. Ou un itinéraire rythme le va-et-vient dans un espace assez restreint : Judée – Égypte – Judée… Une structure d’ensembleLa littérature scientifique décrit plusieurs tentatives pour cerner la structure globale de l’évangile. La structure la plus plausible repose sur la présence des cinq discours éparpillés au fil de la vie publique de Jésus. Ces discours sont accompagnés, avant ou après, de récits d’événements publics. Mais surtout, on retrouve à la fin de chaque discours une formule de conclusion qui ramène le lecteur au flux du récit. Cette formule de conclusion serait présente uniquement en ces cinq endroits de l’évangile et nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Cela confirme qu’il s’agit d’un travail original de l’évangéliste. En plus, le récit de l’enfance fait office de prologue, et le récit de la Passion-résurrection offre le dénouement. Voici la liste de ces discours et de leurs conclusions, copiées dans la traduction Parole de Vie de la Société biblique canadienne. Cette traduction a le mérite d’utiliser un niveau de langage très accessible.
Ces cinq discours s’attardent à un thème précis tout en annonçant la suite du récit. Les discours fonctionnent comme des pivots, comme des relais au fil des pages. On remarque le même phénomène dans les quatre premiers chapitres. Les récits de l’enfance, du baptême par Jean le baptiseur et la rencontre avec le tentateur lancent les grandes tendances qui émergeront au fil des sections suivantes.
Source: Le Feuillet biblique, no 2276. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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