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Les 12 petits Prophètes (6/9)
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Habaquq et NahoumHabaquq, le questionneur de DieuOn ne sait pas grand-chose sur la personnalité du prophète Habaquq, sur ses origines ou même s’il a existé ou non. La légende l’a cependant récupéré : on le voit apparaître à la toute fin du livre de Daniel où Dieu l’utilise pour sauver miraculeusement Daniel, prisonnier en Babylonie, de la gueule de lions affamés (Dn 14,33-39). Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, c’est qu’un petit livre biblique, non dépourvu d’intérêts, porte le nom d’Habaquq. Habaquq est sans doute écrit vers la fin du VIIème à une période où les Chaldéens (Babyloniens) sont en train de prendre le dessus sur l’Assyrie pour l’obtention de l’hégémonie sur le Proche Orient. Habaquq, révolté devant le règne de l’iniquité et le triomphe apparent du mal à son époque, ose questionner Dieu sur sa gestion de l’histoire. Il adresse deux demandes à Dieu (Ha 1,2-4 et Ha 1,12-17), questions d’une éternelle actualité, qu’on pourrait résumer ainsi : « Pourquoi Dieu n’intervient-il pas en réponse aux prières de ceux qu’il aime? Pourquoi le mal semble-t-il triompher? ». À ces deux demandes, Dieu répondra par deux visions. En somme, il fera voir à Habaquq le sort prochain et malheureux qui attend l’ennemi oppresseur et l’enjoindra à mettre sa foi en lui. Les réponses de Dieu semblent satisfaire Habaquq qui exulte par une prière d’un grand lyrisme, en conclusion du livre, par un psaume exaltant la sagesse et le plan de Dieu. Habaquq laisse son empreinte dans le Nouveau Testament avec ce fameux verset (qui y est paraphrasé à trois reprises voir Romains 1, 17, Galates 3, 11 et Hébreux 10, 38) dont l’interprétation a fait couler beaucoup d’encre1 : Celui qui est insolent n'a pas l'âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. (Ha 2,4) Nahoum, le consolé consolantSon nom signifie le « consolé ». Si son livre est également consolant pour son peuple, il ne peut s’agir que d’une consolation morose et pré-évangélique, soit celle de voir enfin souffrir l’ennemi qui nous a tant meurtris. Quel est cet ennemi dont Nahoum chante la déchéance avec une joie non contenue? C’est l’empire assyrien qui agonise, symbolisé par Ninive, sa capitale. Tout le livre chante la chute de Ninive qui, pendant des siècles a fait souffrir tant de peuples avec une grande cruauté. À son tour de subir l’invasion et la destruction de la part d’un ennemi (l’empire babylonien). Évidemment, Nahoum voit dans cette chute l’exécution de la justice divine. Rappelons les faits historiques. Au VIIIe siècle av. J.C., l’Assyrie est en pleine ascension comme puissance mondiale. Elle envahit la Syrie et le Royaume du Nord et menacera Juda. Au VIIe siècle, l’empire assyrien est au faîte de sa puissance et de son extension territoriale. Les versets de Na 3,8-10 témoignent sûrement d’une intrusion de l’Assyrie, rapace insatiable, jusqu’en Égypte et du fameux massacre de Thèbes qui eut lieu en 663. Mais son hégémonie ne durera pas car son voisin, Babylone, prend de la force. Ninive tombera finalement aux mains des Babyloniens en l’an 612 av. J.C. Est-ce qu’au temps où Nahoum prophétise, Ninive est déjà tombée? Certains exégètes l’ont pensé, faisant de son livre le livret d’une liturgie qu’on célébrait à Jérusalem. Si l’hypothèse est séduisante, il n’est cependant pas obligatoire que Nahoum ait écrit après la destruction de Ninive. Le nom de Ninive étant haï chez tous les peuples conquis par l’Assyrie, Nahoum a très bien pu voir arriver de loin la chute de l’arrogante capitale et en quelque sorte l’appeler, par ce livre qu’on dit d’une poésie hébraïque magnifique. [L’auteur s’adressant à Ninive] Tu as subi un désastre irréparable, tes blessures sont mortelles. Tous ceux qui apprennent ton sort applaudissent à ton malheur, car qui n'a pas été victime de ta cruauté incessante? (Na 3,19) ______________ 1 C'est tout le débat théologique que provoqua la réforme luthérienne qui s'appuie sur la Lettre aux Romains qui cite ce verset d'Habaquq : « Sommes-nous sauvés par la foi seule ou par les oeuvres que suscite la foi? »
Source: Le Feuillet biblique, no 2248. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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