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Les 12 petits Prophètes (3/9)
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Repères historiques (721-333) : la chute de Juda, l'exil et le retourContinuons notre fresque historique, entamée au numéro précédent, afin de situer, dans leur contexte, l’activité de chacun de nos douze petits prophètes. De la chute du royaume du Nord à la chute du royaume du Sud (721-587)Suite à l’invasion assyrienne et à la chute de son voisin du Nord, le royaume du Sud, lui, petit joueur sur l’échiquier mondial, subissant les pressions de ses puissants voisins, continue et survit, jouissant d’une fragile et relative indépendance jusqu’à l’invasion babylonienne qui en vient à bout en 587. Nabuchodonosor, roi de Babylone, envahit alors Jérusalem, détruit le Temple et déporte une partie de la population en Babylonie. En la dix-neuvième année du règne de Nabucodonosor, Nabouzardane, commandant de la garde, officier du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem. Il incendia le Temple, le palais et toutes les maisons des notables […] il déporta tout le peuple resté dans la ville, les déserteurs qui avaient passé au roi de Babylone, bref, toute la population. Il laissa seulement une partie du petit peuple de la campagne, pour avoir des vignerons et des laboureurs. (2 R 25,8-9) Outre le premier Isaïe 1 et le grand Jérémie, nos « petits prophètes » Michée, Sophonie, Habaquq et Nahoum prophétisent au royaume du Sud durant cette période précédent l’invasion babylonienne. L’Exil à Babylone (587-538)Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion… (Ps 137(136),1). Commence l’épreuve de l’exil à Babylone, période courte de son histoire, mais féconde malgré tout pour Israël qui, affranchi de ce qui pouvait lui donner un faux semblant de sécurité, à savoir sa terre et son Temple, y approfondit sa foi monothéiste au milieu d’une nation païenne. La confiance en Yavhé doit s’exprimer autrement que par un culte extérieur, le judaïsme s’intériorise. C’est en ce temps de l’exil qu’Ézéchiel, le grand prophète, exerce son ministère, seul prophète juif à prêcher sur une terre étrangère. C’est aussi l’époque du livre des consolations du second Isaïe. Le retour d’exil (538-333)L’empire babylonien ne fera qu’un temps. Babylone sera à son tour conquise par l’empire perse qui dominera le monde connu pendant deux siècles jusqu’à l’arrivée du jeune conquérant, Alexandre le Grand en 333 av. J.C. L’arrivée de Cyrus, ce nouvel empereur perse, est perçue comme providentielle, puisqu’il émet un édit célèbre en 538, qui permettra non seulement le retour des Juifs exilés sur leur terre, mais leur offrira même des subsides pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume - et même consigner par écrit - : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre ; et il m'a chargé de lui bâtir un temple à Jérusalem, en Judée. Tous ceux d'entre vous qui font partie de son peuple, que le Seigneur leur Dieu soit avec eux, et qu'ils montent à Jérusalem ! » (2 Ch 36,22-23) La bonne nouvelle tournera vite à la désillusion, car le retour ne se fera pas sans difficultés. À la rentrée au pays, on se rend compte que d’autres ont pris possession des propriétés laissées vacantes par les exilés. On frôle le chaos. Sévit une grande pauvreté. Tout est à reconstruire! Aggée et Zacharie accompagneront ce retour pénible et cette restauration du Temple. Plus tard, Malachie, Abdias, Joël et un Zacharie 2 plus tardif... Le livre de Jonas – Jonas, qui est sûrement plus un personnage de conte qu’un prophète historique – est peut-être écrit en cette période. Cette période est aussi couverte par le troisième Isaïe. Ayant ainsi placé chacun des douze petits prophètes sur l’échiquier des temps bibliques, nous partirons, dans les prochaines chroniques, à la découverte de chacun des livres qui portent leurs noms. ______________ 1Tout le monde s’entend aujourd’hui pour parler de trois Isaïe, c’est-à-dire que le livre d’Isaïe comporte des prophéties ayant été prononcées en trois époques distinctes de l’histoire d’Israël. Le premier Isaïe prophétise au VIIe siècle (Is 1-39), le second (Is 40-55), à la période de l’exil à Babylone et le troisième (Is 56-66), au retour d’exil. Si les auteurs ou collecteurs des seconde et troisième parties du livre d’Isaïe empruntent la même identité, c’est qu’ils se sentent en affinité avec la grande figure du premier Isaïe. 2 Tout comme pour Isaïe, on parle du premier et du second Zacharie, parce que le livre de Zacharie comporterait des prophéties ayant été prononcées en deux périodes différentes.
Source: Le Feuillet biblique, no 2245. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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