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Élie le prophète (3/6)
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Le serviteur du Dieu vivantNotre connaissance du personnage d’Élie se limite aux données rapportées dans quatre chapitres du Premier livre des Rois : 17, 18, 19 et 21. Élie exerce son ministère dans le royaume d’Israël, au temps du règne d’Achab (874-853). Les premiers versets du chapitre 17 présentent le prophète comme le serviteur passionné du Dieu vivant, qui se révélera par la suite comme un solitaire et un défenseur de la foi yahviste : Le prophète Élie, de Tisbé en Galaad, dit au roi Acab : « Par le Seigneur qui est vivant, par le Dieu d’Israël dont je suis le serviteur, pendant plusieurs années il n’y aura pas de rosée ni de pluie, à moins que j’en donne l’ordre. » (1 R 17, 1) Cette foi en YHWH, le Dieu de l’Alliance, Élie aura à la défendre au péril de sa vie, dans un conflit qui l’oppose au roi impie Achab et sa femme Jézabel qui apportent leur soutien au culte cananéen du dieu Baal. C’est notamment à l’occasion d’une sécheresse qui se prolongera durant trois ans que YHWH se révélera comme le Dieu vivant. L’affirmation que le Dieu d’Élie est vivant revient comme un refrain tout au long de ses deux chapitres. On retrouve cette proclamation de foi dans la bouche de la veuve de Sarepta (1 Rois 17, 7-24) et de Obadyahu, le maître du palais du roi Achab (1 Rois 18, 1-19) mais sympathisant d’Élie. La victoire de YHWH contre Baal remportée au pied du mon Carmel apparaît comme le couronnement de cette proclamation de foi (1 Rois 18, 20-40). Le dieu BaalLe terme baal est un titre qui signifie « seigneur, maître ». Il peut s’appliquer autant à un individu (par exemple, le mari d’une femme) qu’à une divinité. Dans ce cas, le titre a fini par se substituer au nom du dieu qui le portait, en l’occurrence Hadad le dieu cananéen de l’orage, que l’on représente souvent la foudre à la main. Hadad, devenu Baal, occupe une position dominante le panthéon cananéen. Comme la pluie est associée à l’orage et qu’elle apporte la fertilité au sol, on en arrive à considérer Baal comme le dieu de la fertilité. Ses lieux saints privilégiés sont les montagnes où il se révèle avec éclat et puissance. Le Baal du Carmel est en fait le dieu Melquart de la ville de Tyr, dont le culte a été importé en Israël par Jézabel, la femme du roi Achab. Une lutte à finir entre YHWH et BaalDans le récit du sacrifice du Carmel, Élie apparaît comme le champion de YHWH. Il ne s’agit pas seulement de combattre les dieux étrangers, mais aussi de purifier la religion des Israélites qui avaient tendance à associer YHWH au Baal. Ce sont deux conceptions religieuses qui s’affrontent. Élie oblige le peuple à un choix radical et sans équivoque : « Combien de temps plierez-vous le genou des deux côtés ? Si c’est le Seigneur qui est Dieu, suivez le Seigneur ; si c’est Baal, suivez Baal. » Et la foule ne répondit mot (1 Rois 18, 21). Le silence du peuple montre qu’il ne se résout pas à choisir, préférant sans doute miser sur deux dieux plutôt qu’un. Mais Élie arrivera à ses fins en organisant une sorte de lutte à finir entre YHWH et Baal par prophètes interposés. Élie sera seul à défendre YHWH devant 450 prophètes de Baal. Dans cette lutte, Élie se distingue par son ironie. Alors que les prophètes de Baal se livrent à toutes sortes de transe pour faire descendre la foudre de leur dieu afin d’embraser les victimes animales qui au préalable avaient été abondamment aspergées d’eau, Élie se met en prière, dans une attitude de prostration, d’adoration et de soumission. Il sera exaucé : le feu tombera du ciel et dévorera les offrandes du sacrifice. Devant ce prodige qui atteste la gloire du Seigneur, le peuple des Israélites doit se rendre à l’évidence et choisir : c’est YHWH qui est le Dieu vivant.
Source: Le Feuillet biblique, no 2239. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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