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Le livre d'Esther (6/6)
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Deux belles prières offertes aux chrétiensLe livre d’Esther n’a pas été accepté facilement par toutes les branches du Judaïsme. Par exemple, on n’en trouve aucune trace à Qumrân. Les rabbins sont divisés sur le statut du livre jusqu’au quatrième siècle de notre ère. Chez les chrétiens, les hésitations furent encore plus vives. Le climat de vengeance féroce qui anime l’attaquant et les victimes semble loin des préceptes de l’Évangile. Par contre, ce climat correspond aux réalités de l’histoire des Juifs! Le Concile de Trente a reconnu l’inspiration du livre d’Esther. En tournant ces pages, les disciples de Jésus trouvent un grand réconfort. Leur Dieu est dépeint comme un Dieu qui intervient pour délivrer les croyants des traquenards mortels du temps présent. Dans cette perspective, la liturgie retient deux textes insérés dans la version grecque du livre : les prières mises dans la bouche d’Esther et de Mardochée. L'alliance avec Dieu, dernier recours d’EstherLa reine Esther, juive exilée en Mésopotamie, a trouvé faveur auprès du roi. Elle a eu vent d’un complot contre son peuple. Au chapitre 4, elle décide de prendre la parole devant son empereur de mari, ce qui était strictement interdit si elle n’y était pas invitée.
La prière d’Esther intègre une composante importante des anciens traités d’alliance : l’importance de garder en mémoire le geste primordial posé par Dieu, lorsqu’il a choisi son peuple comme héritage. Conformément au paradigme politique de l’alliance, Esther recourt à cette obligation pour retracer les origines du mal qui frappe son peuple. Dieu ne peut aider le peuple qui néglige le responsable de son existence. Mais avant cette faute, il y a eu la grâce de Dieu. Esther rappelle donc que la promesse divine vient avant toutes les bêtises du peuple. Que Dieu se souvienne de toutes les belles actions posées en faveur du peuple, autrefois! Qu’il agisse maintenant avec une efficacité comparable! Les nations ne pourront plus se moquer à loisir du Seigneur, Dieu unique…
La prière d’Esther ne se limite donc pas à demander le secours de Dieu pour la pauvre reine condamnée à réussir. Elle fait de son succès à venir devant le roi (comparé à un lion!) un indice de l’écoute divine des désespérés. On utilisera avec grand profit cette prière d’Esther dans les grandes inquiétudes de la vie, chaque fois que les circonstances nous font sentir le poids de la solitude et de l’impuissance : …je suis seule, je n’ai d’autre secours que toi (4, 17 l); viens me secourir car je suis seule…(4, 17 t). Vivre pour Dieu : la prière de MardochéeLa prière d’Esther fait écho à celle de son protecteur Mardochée. Il prie en rappelant toutes les œuvres du Seigneur : la mise en place du ciel et de la terre, la force irrésistible mise au service du salut d’Israël. La protection accordée par le plus fort au plus faible appartient à la dynamique des traités d’alliance. Dieu ne peut renier le bien accompli au jour de la sortie d’Égypte! C’est dans l’intérêt du Seigneur de maintenir en pleine action ceux qui chantent son nom à pleine bouche : …je ne me prosternerai devant personne, sauf devant toi, mon Seigneur… (4, 17 e).
Source: Le Feuillet biblique, no 2223. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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