Le livre d'Esther (5/6)
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Aux sources d'une grande fête juiveL’épilogue du livre d’Esther (9, 20-28) fait état d’une lettre envoyée par Mardochée à tous les Juifs de l’Empire perse. La fête annuelle de Pourim, étalée sur deux jours, y trouve son origine : « 21 Il les y engageait à célébrer chaque année le quatorzième jour du mois nommé Adar, ainsi que le quinzième jour : 22 ces jours-là, les Juifs avaient obtenu le repos, délivrés de leurs ennemis, et, ce mois-là, l’affliction s’était changée pour eux en joie, et le deuil en jour de fête. Il les conviait donc à faire de ces jours des journées de banquets et de joie, chacun envoyant des parts de nourriture à son voisin, et des dons aux pauvres. » Cette « fête des sorts » serait un recyclage d’une fête de Babylone. Elle est devenue très importante pour les Juifs. Un midrash, texte explicatif juif, affirme que lorsque le Messie viendra, seules deux fêtes devront continuer à être célébrées : Pourim et Yom Kippour, le jour du Grand pardon. Toutes les autres fêtes seront abolies, même la Pâque! C’est dire à quel point Pourim est une fête aimée... Un autre indice de l’importance de la fête est fourni par le calendrier juif. Ce calendrier basé sur les phases de la lune exige de temps à autre un mois de raccord avec les autres calendriers de la planète. Lors de ce deuxième mois de Adar, on célèbre encore Pourim! C’est comme si on célébrait deux fois Noël dans la même année… Une variété de rituelsQue fait-on de spécial à Pourim ? La fête est une manifestation de solidarité avec les autres Juifs. On cuisine pour les pauvres et les amis. Au moins deux pauvres doivent recevoir un cadeau. Il faut qu’un ami reçoive au moins deux portions d’aliments préparés. La fête commence cependant par une phase de jeûne, un parallèle avec le jeûne d’Esther avant sa visite au roi. La fête culmine ensuite en banquets et en partages. Avec le temps, la fête s’est enrichie d’une panoplie de gestes qu’on ne pose jamais dans l’année. Elle est devenue comme un Carnaval ou une mi-Carême. On a le droit de rire des préceptes de la vie juive. On ose se moquer des textes sacrés. On se déguise malgré l’interdiction de Deutéronome 22, 5. On joue des parodies, on fait du bruit avec toutes sortes d’outils bruyants comme au Tintamarre acadien. On élit un roi d’un jour. Depuis le 4e siècle de notre ère, on s’attaque à des poupées Amane et on les brûle en public. À partir du 14e siècle, on organise des processions semblables à celles des chrétiens. Les moqueries contre des personnages bibliques ou des leaders de la communauté juive génèrent, à partir du XIXe siècle, le célèbre théâtre yiddish. La Bible fait partie de la fête. On lit deux fois le récit biblique complet. Pour marquer l’importance de ce texte, on doit d’ailleurs le lire à partir d’un rouleau. Et on mange! Des mets végétariens en souvenir du régime d’Esther à la cour, ou des pâtisseries en forme de chapeaux à trois cornes comme celui qu’on imagine pour Amane… Cent clones de la fêteOn a recensé dans le monde une centaine de fêtes locales de Pourim. Elles commémorent la délivrance d’un désastre en faveur d’une communauté spécifique ou d’une famille. Leur date est fixée selon l’événement original. C’est ainsi que les Juifs de Saragosse furent sauvés en 1425 d’une trahison présumée. La famille Brandeis de Prague fut absoute en 1731 d’une accusation de meurtre collectif qui aurait mis en jeu… de la confiture de prunes empoisonnée. Les Juifs de Tibériade furent épargnés par la guerre (1743). Les Juifs de Tunisie ne furent pas anéantis par un désastre naturel (1891). Des thèmes récurrentsLa fête de Pourim partage avec d’autres fêtes juives certains thèmes centraux du Judaïsme. Par exemple, autant à Pourim qu’à la Fête des lumières (Hannoukah), on évoque les risques d’anéantissement et d’assimilation. On souligne le contraste entre la passivité et la proactivité devant les dangers encourus par les croyants. ��� ������ Le Jour du grand pardon (Yom Kippour) met en valeur des pratiques essentielles pour la survie des Juifs évoquées aussi à Pourim. Il s’agit de revenir sur le bon chemin, de maintenir ouverte la communication avec Dieu et de donner aux nécessiteux.
Source: Le Feuillet biblique, no 2222. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique précédente :
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