chronique du 1er avril 2011 |
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L'amour maternel de Dieu 5/5Babylone, janvier 538 (av. J.C.) Le nouveau prophète continue de surprendre. Cette fois, il s'est servi de l'amour maternel pour parler de l'amour de Dieu, ce qui est assez inhabituel pour les Israélites. Comme je l'ai déjà raconté, l'arrivée triomphale du roi perse Cyrus à Babylone a été le signal d'une transformation radicale sur le plan politique. On devine d'ores et déjà que la « période perse » qui commence sera très différente de tout ce que cette région du monde a connu depuis quelques siècles sous la domination des Assyriens ou des Babyloniens. Les milieux proches du nouveau gouvernement affirment d'ailleurs que Cyrus serait contre les déportations et pour la réinstallation de tous les exilés dans leurs pays d'origine. On préférerait avoir affaire à des populations heureuses, chez elles, plutôt qu'à des masses exilées, pleines de rancœur, qu'il faut dominer par la menace. L'espérance de bien des Israélites s'est donc tournée de nouveau vers Jérusalem. Mais selon les témoignages de quelques voyageurs qui ont fait le long périple depuis la Judée jusqu'ici, la situation là-bas est plutôt désespérée. Cinquante ans après le passage destructeur des armées de Nabuchodonosor, il semble que la ville offre aux voyageurs un spectacle plutôt sinistre : il y a bien des habitations modestes ici et là, mais le panorama est dominé par les ruines des grandes constructions d'autrefois, c'est-à-dire surtout le Temple et le Palais mais aussi les murailles qui entouraient la ville et dont les plus gros blocs sont toujours sur place, pêle-mêle. L'état d'esprit des habitants de la région n'est guère plus encourageant. Leurs grands-parents n'ont pas été déportés parce qu'ils faisaient partie des groupes les plus démunis, et la situation n'a pas changé. Ce qui en inquiète plus d'un, c'est comment on s'est éloigné de la foi traditionnelle au Seigneur Yahvé. On a maintenu un certain temps une sorte de liturgie pénitentielle dans les ruines du Temple, mais l'opinion de plus en plus répandue est que Yahvé a abandonné et oublié Jérusalem et ses habitants. C'est là que le nouveau prophète est intervenu avec une image très évocatrice, adressée à « Jérusalem (ou Sion) qui pleure ». Il a pris comme point de comparaison l'amour le plus fort, l'amour maternel : « Pourriez-vous imaginer, dit-il, qu'une mère puisse oublier un bébé qu'elle allaite? Eh bien! même si toutes les femmes du monde oubliaient leurs petits enfants, le Seigneur lui n'aurait jamais cessé de penser à toi! C'est comme s'il avait ton nom gravé sur les paumes de ses mains et qu'il voyait sans cesse les ruines de tes murailles ». Pour en savoir plusCette image de Dieu qui aime « plus qu'une mère » se trouve en Isaïe 49,14-23. Source : Feuillet biblique 1435 (1992). Début de la série : Article précédent : |
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