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chronique du 11 février 2011

 

Cyrus, le conquérant   1/5

Guerrier perse sur un bas-relief de Suse

Guerrier perse sur un bas-relief de Suse
Musée du Louvre, Paris

Babylone, 540 avant notre ère. Un nouveau nom est sur toutes les lèvres : celui de Cyrus. Il y a une dizaine d'années, ce n'était qu'un petit roi, en Perse, la région montagneuse située à l'est de la Babylonie et qui s'appellera plus tard l'lran. Par une série de campagnes militaires couronnées de succès, il a étendu son emprise jusqu'à la Méditerranée et s'est en quelques années taillé un empire gigantesque qui encercle Babylone.

     Mais la population babylonienne n'a pas peur. Au contraire, c'est la joie ! L'opinion générale, c'est que Cyrus va débarrasser le pays du roi Nabonide, celui-là même qui est responsable de l'annulation des fêtes du Nouvel An. Mais, me direz-vous, ce sera peut-être encore pire! Après tout, ce Cyrus sera un maître étranger. Qui sait à quelle servitude, à quel esclavage seront exposées les populations locales si les Perses prennent le pouvoir?

     Eh bien! c'est peut-être là l'élément le plus surprenant. Ce Cyrus semble être un conquérant nouveau genre. Il prônerait des politiques radicalement différentes, incluant notamment le respect des traditions religieuses et des lois des populations conquises. Ses partisans, de plus en plus nombreux même à Babylone, prétendent que son intention est de favoriser l'administration par des officiers locaux et de voir à renvoyer dans leurs pays respectifs les populations déportées par les rois de Babylone. Ce serait tout un changement, en effet. Un véritable bouleversement historique.

     Vous comprendrez facilement quels espoirs ce genre de rumeurs a pu susciter parmi les Israélites. Après un demi-siècle d'exil, la lumière luit au bout du tunnel. On peut même rêver de revoir Jérusalem!

     Le principal danger, encore une fois, est religieux, car ce Cyrus est un païen et les prêtres de Babylone voient en lui l'envoyé de leur dieu. À leur avis, en effet, Mardouk, aurait décidé de s'occuper lui-même de libérer sa ville des mains de ce roi qui ne s'occupe même plus des fêtes religieuses. Pour atteindre ce but, il aurait choisi Cyrus comme instrument. Et comme Cyrus est vainqueur partout où il passe, comme la prédiction des prêtres de Mardouk est sur le point de se réaliser, tout le monde est porté à les croire, même chez les Israélites. On en entend beaucoup dire de plus en plus fort que c'est la preuve finale que Yahvé n'est qu'un petit dieu, ou même qu'il n'est pas un dieu du tout. « Quand Jérusalem a été attaquée, jadis, Yahvé ne s'en est pas occupée », disent-ils. « Mais Mardouk, lui, est un vrai dieu qui s'occupe de sa ville et de ses affaires. Cyrus en est la preuve ».

     Les Anciens d'Israël sont vraiment inquiets, car depuis des siècles la principale façon de présenter le Seigneur Yahvé, c'est de dire qu'il est le Dieu libérateur, celui qui a jadis répondu à son peuple opprimé et l'a fait sortir d'Égypte sous la conduite de Moïse. Comment expliquer alors que l'exil dure depuis si longtemps et que ce soit les prêtres d'un autre dieu qui laissent entrevoir la libération?

Le cylindre de Cyrus

Le cylindre de Cyrus

Babylonien, vers 539-530 avant notre ère
Argile, 22,5 cm de longueur
Découvert à Babylone, au Sud de l'Iraq
© Trustees of the British Museem

     Un cylindre d'argile datant de l'époque de Cyrus a été trouvé à Babylone. Il porte des inscriptions qui sont l'œuvre de prêtres de Mardouk. Voici un extrait de ce remarquable document, aujourd'hui conservé au British Museum, à Londres :

Mardouk examina et inspecta tous les pays à la recherche d'un prince droit, conforme à son cœur. Il prit par la main Cyrus, roi d'Anshan (en Perse). [...] Mardouk, le grand Seigneur qui prend soin de ses gens, regarda avec joie ses bonnes actions et son cœur droit. Il lui ordonna d'aller vers sa ville Babylone et lui fit prendre la route de Babylone. Il alla sans cesse à son côté comme un ami et un compagnon. Ses vastes troupes [...] s'avancèrent à son côté, ceintes de leurs armes. Mardouk le fit entrer à Babylone, sa ville, sans bataille ni combat. Il délivra Babylone de l'oppression, Il livra à sa main Nabonide, roi qui ne le craignait pas. Les gens de Babylone, [...] les princes et les gouverneurs s'agenouillèrent devant lui, lui baisèrent les pieds et se réjouirent de l'avoir pour roi [...] » (d'après Briend et Seux, Supplément au cahier évangile 69, p. 98, 1989).

Source : Feuillet biblique 1431 (1992).

Bertrand Ouellet

Suite de la série :
Cyrus, c'est le Christ

Article précédent :
La mort d’Ananias et Saphira