chronique du 21 avril 2006 | |||||
La Seigneurie
du Christ J'aimerais avoir le sens de la Seigneurie du Christ. Que veut dire le Nouveau Testament et la tradition avec lexpression « Christ Seigneur »? Merci pour votre réponse. (Jacques) Avouons
demblée que le mot « Seigneur », inscrit
dans la tradition chrétienne, est un mot riche de paradoxes. Commençons
par une citation. Dans le livre des Actes des Apôtres (Ac 2,36),
Pierre sadresse à la foule de ceux qui se sont rassemblés
dans la proximité de la chambre haute où lEsprit vient
de faire irruption dans le cur des apôtres. Cest le
jour de la Pentecôte. Pierre parle longuement et conclue son explication
de lévénement par une affirmation forte : « Que
toute la maison dIsraël le sache donc avec certitude :
Dieu la fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous
avez crucifié. » Christ Pantocrator Trois mots sont ici associés et prennent une signification très particulière dans la bouche de Pierre. Lutilisation du mot « Seigneur » est prise dans sa signification biblique. La Bible utilise ce mot pour parler de Dieu ou sadresser à lui. On peut également parler de la seigneurie de Dieu pour parler de sa puissance et de sa domination sur les choses et les êtres. Dieu seul est, dans le sens plein de ce terme, « le Seigneur du temps et de lhistoire », puisquil en est la source et que le monde ne possède dautre consistance que celle qui lui vient de sa puissance créatrice. On comprend lutilisation que les hommes vont faire de ce titre qui ne sadresse, au plein sens du terme, quà Dieu. Parce quil signifie la puissance et la domination, les princes de ce monde, mais également de lÉglise, voudront être appelés ainsi. Ce titre, donné à un homme dans cette perspective, marquait lacte de soumission ou dallégeance. Quant au mot Christ ou Messie de Dieu, il concentrait sur lui toutes les espérances dIsraël. À lépoque de Jésus, tous les disciples de Jésus comme les autres attendaient cette venue du Messie. Ils limaginaient comme un jour de triomphe sur les ennemis dIsraël, une victoire militaire totale sur les envahisseurs qui se verraient renvoyés chez eux. Le paradoxe du christianisme vient de lassociation de ces trois mots : Seigneur, Messie ou Christ et Crucifié. Comme lexplique Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, la confession chrétienne de la révélation de Dieu, en Jésus le crucifié du Golgotha, est un « scandale pour les Juifs » et une « folie pour les païens ». Dire que Jésus a été fait Christ et Seigneur, est une confession de foi. Les premiers chrétiens la reprennent haut et fort. À leurs yeux, la véritable seigneurie nest pas celle de César et de ses troupes impériales, mais celle de cet homme, Jésus qui a osé croire à la seule puissance de lamour et accepté den payer le prix, sur la croix, en mettant son espérance en Dieu seul. Cest en lui que Dieu révèle son visage et sa véritable puissance, celle dun amour gratuit, offert à tous; cest en lui que Dieu offre à lhumanité son salut. On comprend dès lors que le mot « Seigneur » est un mot auquel il faut sans cesse donner sa vraie valeur. Le véritable Seigneur, comme dit Jésus à ses disciples après leur avoir lavé les pieds, est celui qui se met au service de ses frères. Puissions-nous entendre et réentendre sans cesse la leçon du lavement des pieds (Jn 13,13), au soir du Jeudi Saint! « Vous mappelez le Maître et le Seigneur et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous lavez les pieds les uns aux autres. » Lire
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