INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique
comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Archéologie
  image
Imprimer

chronique du 8 avril 2016

 

Capharnaüm : la synagogue blanche

Capharnaüm

(photos : Sébastien Doane)

Capharnaüm est un des villages principaux de l’activité de Jésus. Or, cette synagogue n’est pas celle où il aurait enseigné puisqu’elle date du 5e siècle selon les monnaies trouvées dans le plancher. D’ailleurs, il est probable que les lieux de rassemblement pour la prière, à l’époque de Jésus, se trouvaient dans des maisons privées et non dans des édifices publics.

     Une telle synagogue, présente à Capharnaüm à l’époque byzantine, montre à quel point le petit village de pêche du 1er siècle a connu une certaine croissance économique dans les siècles qui ont suivi le passage de Jésus. Cette prospérité n’est pas étrangère au fait qu’une partie de la communauté chrétienne des premiers siècles tenait à s’installer dans le village qui avait reçu le Maître et quelques-uns des disciples les plus éminents. La synagogue, partageant l’espace du village avec la basilique de la maison de Pierre, peut laisser entendre que les relations entre les deux communautés n’étaient plus aussi tendues qu’elles avaient pu l’être antérieurement.

     Ce qui frappe en voyant la synagogue, c’est sa couleur blanche. Elle contraste ainsi avec les maisons qui l’avoisinent puisque ces dernières sont construites de pierres noires de basalte, alors que les murs et les planchers de la synagogue se composent de calcaire blanc apporté de l’extérieur. La synagogue de Capharnaüm est l’une des synagogues les mieux conservées en Israël et sert, en quelque sorte, de mesure étalon pour l’appréciation des autres synagogues du pays.

plan de la synagogue

Le plan de la synagogue

     Le plan de l’édifice se compose de trois sections différentes. La section la plus importante se trouve du côté ouest (section de gauche). C’est le lieu de prière proprement dit. De forme rectangulaire, il mesure 20,2 m par 18,65 m. Son plan correspond à celui des basiliques, possédant une nef centrale bordée de deux ailes latérales et d’une aile arrière. Seize colonnes, alignées sur un stylobate, forment les divisions. Les entrées depuis l’extérieur, au nombre de trois, sont aménagées sur le devant, côté sud. Comme c’est le cas pour d’autres synagogues retrouvées en Galilée, la synagogue est donc orientée en direction de Jérusalem, soit vers le Sud. En effet, contrairement à la plupart des églises chrétiennes, on entre par l’avant dans les synagogues anciennes.

     Un peu plus petite, la section du côté est (à droite) est de forme trapézoïdale. Le mur sud fait 11,25 m de largeur, celui du côté nord étant un peu plus long. Cette section de l’édifice était formée d’une cour à ciel ouvert entourée de portiques recouverts d’un toit sur trois côtés, supporté par onze colonnes alignées sur un stylobate. Cette section de la synagogue ne servait pas à la prière, mais plutôt à des rencontres communautaires.

     La troisième section est le porche qui court tout le long de la façade de l’édifice. Comme la synagogue se trouve en plein milieu du village et que des maisons sont à proximité, il était impossible de construire un porche imposant. En fait, on accédait au porche par deux escaliers latéraux. Le porche a une longueur de près de 30m et communique avec deux rues principales du village.

     Une question reste en suspens. Les spécialistes ne s’entendent pas quant à l’existence ou non d’un deuxième étage qui aurait été réservé aux femmes. Pour certains, l’escalier derrière la synagogue témoignerait de la présence de cet étage. Pour d’autres, les murs et les colonnes n’auraient pas permis de supporter un deuxième étage. Il faut donc relativiser les reconstructions comme celle-ci qui représentent la synagogue avec un deuxième étage.

reconstitution

     Ce dessin nous permet d’imaginer à quoi pouvait ressembler l’intérieur de la synagogue blanche de Capharnaüm. Les deux sections principales de l’édifice sont reproduites. Au fond de la nef centrale (l’avant de la synagogue en réalité), on aperçoit une petite estrade et deux niches qui devaient servir à ranger les rouleaux de la Torah. On connaît l’existence de ces éléments architecturaux par les traces de deux édicules trouvés à ces endroits. Sur la gauche, la cour à couloir où se réunissaient les fidèles pour discuter.

synagogue blanche de Capharnaüm

Une synagogue plus ancienne

     Si la synagogue blanche de Capharnaüm date du 5e siècle, elle n’est toutefois pas la première à avoir été construite sur le site. Des fouilles menées sous celle-ci au début des années 70 ont permis de mettre à jour les bases d’une synagogue plus ancienne. On voit sur la photo (ci-haut) que le mur de la synagogue blanche repose sur un mur fait de pierres de basalte noires. Le mur de la synagogue du 5e siècle ne suit pas tout à fait la ligne tracée par celui du mur noir, mais il est clair qu’il y avait volonté, de la part des constructeurs, de tenter de le suivre le plus près possible. On peut penser, comme c’est le cas habituellement au Proche-Orient, qu’une enceinte sacrée a occupé la même place qu’une enceinte plus ancienne. Peut-on dater celle-ci? Les chercheurs sont encore divisés sur la question. Certains proposent le 4e siècle, d’autres le 3e, d’autres encore le 1er siècle.

synagogue blanche de Capharnaüm

     D’autres sondages, menés sur l’emplacement de la synagogue, ont permis de dégager une partie des constructions de l’époque hellénistique et romaine. Sous la nef centrale, on a également retrouvé un plancher de basalte du 1er siècle. Les fouilleurs croient que l’étendue de ce plancher est trop grande pour avoir appartenu à une maison individuelle. Ils proposent donc d’y voir le plancher d’un édifice public du 1er siècle. Comme les synagogues du 3e et du 5e siècles se trouvent au-dessus de ce plancher, et en raison du principe signalé plus haut d’une continuité d’utilisation d’espace sacré au même endroit, ils proposent que nous aurions alors affaire au plancher de la synagogue de l’époque de Jésus, synagogue à propos de laquelle Luc 7,5 précise que c’est un centurion romain qui l’avait fait construire. Mais tous les auteurs n’abondent pas dans le sens proposé par ces chercheurs. D’autres fouilles permettront peut-être de trouver une réponse valable pour tous. Mais la sauvegarde de la synagogue blanche empêche de fouiller plus en profondeur et systématiquement tout l’espace qu’elle occupe. Peut-être devrons-nous rester avec un doute?

Robert David

Lire aussi :
La synagogue de Capharnaüm

Article précédent :
Capharnaüm : la maison de Pierre

 

 

| Accueil | DÉCOUVERTE (index) | Archéologie (index) | Vous avez des questions? |

www.interbible.org