chronique du 16 juin 2005 |
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La plainte d'une veuveUne pauvre veuve conteste un point de loi apparemment odieux pour elle. Voici que sa plainte nous parvient aujourd'hui.
Dans le précédent article, je parlais de deux ostraca (morceaux de terre cuite porteurs d'écrits). L'un se rapporte au paiement de trois sicles d'argent pour le temple de Yahweh. L'autre (voir la figure plus haut) nous transmet la plainte de cette veuve. Dans les deux cas, les messages datent du VIIe siècle av. J.-C. En écho à la plainte du moissonneur injustement privé de son manteau, voici celle de la veuve: « Que Yahweh te bénisse dans la paix! Et maintenant que mon seigneur l'officier écoute ta servante: mon mari est mort, pas d'enfants! Que l'affaire se déroule ainsi: que ta main soit avec moi; et puisses-tu mettre dans la main de ta servante l'héritage dont tu t'es entretenu avec Amasyahou. Et quant au champ de froment qui est situé à Na'amah, tu l'as donné à son frère. » Le texte est bien clair. Une formule d'invocation à Dieu introduit le message. Puis, comme le suggère le vocabulaire utilisé, la veuve en question pourrait être l'épouse d'un ministre ou, du moins, d'un fonctionnaire assez haut placé. Elle s'adresse à un autre officiel qui est déjà au courant de sa cause. Une question d'héritageIl s'agit d'une veuve sans enfants qui n'a hérité en rien de son défunt mari. Elle n'a d'autre recours que la protection de cet officiel dont la « main » est symbole d'autorité, de pouvoir. La loi a-t-elle défini le droit d'une telle veuve? Il s'agit, en toute certitude, d'après les mots employés ici, des biens fonciers du mari. Un seul texte biblique traite de cette situation précise (Nb 27,8-11). Si un homme meurt sans laisser de fils, l'héritage va à ses filles; s'il n'a pas de filles, ce sont ses frères qui sont héritiers; s'il n'a pas de frères, l'héritage passe aux oncles! S'il n'existe pas d'oncles, l'héritage échoit à un autre proche parent! Une veuve sans enfants est donc laissée à son sort sans l'héritage de son mari. Elle ne peut exercer aucun recours légal. Les biens d'un défunt sans enfant passent à sa propre famille, mais non à sa femme! En ceci, la loi a été respectée, du moins en partie. Il reste quand même un point non résolu: la veuve revendique vraiment une part de cet héritage! Elle appuie sa demande sur une entente particulière (non sur une loi) que cet officiel aurait conclue avec un certain Amasyahou. Mais qui est cet homme? Serait-ce son défunt mari? On comprend alors qu'il ait voulu que sa femme hérite d'une partie de ses biens. Cette tentative de contourner la loi serait la marque d'un profond attachement à l'intéressée. Si Amasyahou est quelqu'un d'autre, il doit être bien élevé dans l'échelle sociale et politique, puisqu'il aurait le pouvoir de passer outre à cette loi injuste! Aurions-nous ici un indice que les applications de la loi pouvaient varier d'un «fonctionnaire» à un autre? N'est-ce pas ainsi que naissent différentes traditions autour d'un même point de loi? Sans doute! Source : Parabole 21/5 (1999) 16. Article précédent
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