LE SAINT-SÉPULCRE (4/8) |
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La grande rotonde de l'Agia AnastasisDans la dernière chronique, nous en étions à une présentation d'ensemble d'une construction de Constantin, appelée « Sainte-Résurrection » (Agia Anastasis, début du IVe siècle). Dans cette chronique, nous n'étudierons que sa partie la plus importante, la grande rotonde (fig. 1A; voir aussi la chronique précédente ou Parabole, XX, no 3 pour le plan général).
Le monument circulaireCette rotonde entourait le sépulcre de Jésus. Les architectes ont opté pour ce type d'édifice, car à l'époque byzantine les tombeaux des grands personnages avaient la forme ronde ou octogonale. Pour mettre le projet à exécution, il leur fallait d'abord isoler le bloc rocheux qui renfermait la tombe de Jésus (fig. 1b). Ensuite, on devait s'attaquer au roc de tout le secteur pour y construire la rotonde proprement dite. On évalue à 5000 m3 la pierre ainsi extraite, car le diamètre de l'édifice est de 35 m, et la hauteur du rocher creusé de 11 mètres! Un travail colossal! Le gros mur extérieur coupe des tombeaux juifs du temps de Jésus (fig. 1a): nous sommes bien dans une région de tombeaux, conformément aux données des évangiles. Les architectes agrémentent ce mur de trois petites absides (fig. 1c). À l'intérieur, ils ajoutent une colonnade en rond, formée de trois paires de piliers carrés, séparant quatre groupes de trois colonnes rondes, hautes de 7,1 m et larges de 1,2 m. Si ces murs extérieurs de la rotonde sont conservés presque entièrement, seules les bases des colonnes ont survécu. La rotonde devait être couverte d'une coupole, totalement disparue. Devant ce monument circulaire à la mémoire de Jésus, les architectes construisent un atrium, ou cour à ciel ouvert, dont nous parlerons dans notre prochaine chronique (fig. 1B). Au nord, on bâtit des petites salles qui auraient abrité le clergé responsable de cette église (fig. 1C). Le bloc octogonalL'élément central est, bien sûr, la tombe de Jésus enfermée dans le bloc rocheux découpé au centre de la rotonde (fig. 1b). Ce qui reste de cette tombe, dans son état actuel, est de forme arcosolium (une tablette surmontée d'un arc voûté). Les tombes coupées par le mur de la rotonde sont des « fours » ou kokîm; nous avons donc les deux types de tombeaux courants au temps de Jésus (voir Parabole, XIX, no 5, p. 16).
Grâce à de précieux témoignages, nous pouvons même préciser la forme que prit le bloc sous le ciseau des tailleurs de pierre. À Monza (Italie) on conserve des ampoules en argent repoussé qui renfermaient des huiles sacrées. Ces ampoules datent du VIe siècle. Sur leurs faces, on présente cet édicule de la tombe de Jésus (fig. 2). Le dessin est très schématique, mais à l'examen des côtés et du toit, on sait qu'on a donné une forme octogonale à ce bloc. L'édicule était surmonté d'une croix et entouré d'une délicate colonnade. Quelques siècles plus tard -- mais avant le Xe -- on conserve à Narbonne une miniature de ce même édicule taillée dans le marbre (fig. 3) : les murs comme le toit révèlent encore la forme octogonale et la colonnade est toujours présente. On remarquera le petit portique à colonnes devant l'édicule. L'examen récent de l'édicule actuel du Saint-Sépulcre montre que la chambre sépulcrale a conservé sa forme originelle, de même que la forme octogonale de ses murs extérieurs (fig. 4).
Devant tant de témoignages archéologiques, peut-on s'étonner de l'importance que revêt, pour les croyants, ce Saint-Sépulcre ou cette Sainte-Résurrection? C'est le plus grand monument de la tradition et de l'architecture chrétiennes. Source : Parabole, mars-avril 1998, vol. XX numéro 4
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