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Archéologie
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chronique du 15 novembre 2002
 

Bien des surprises... et un mystère
 

Un archéologue israélien est à la recherche du palais de Bérénice, la soeur du roi Agrippa II (48-53 après J.-C.). Le palais était situé dans la ville de Tibériade, en Galilée. Au sommet d'une colline, derrière cette ville, une sorte de promontoire offre une vue splendide sur le lac. Des ruines encore visibles cachent sans doute ce joyau de l'ancienne Palestine vanté par les historiens de l'époque.

     Première surprise : la colline n'a été habitée qu'à partir du VIe siècle de notre ère! L'empereur Justinien (527-565 après J.-C.) y fit bâtir une magnifique église, en prenant soin de la renfermer dans les remparts de la ville de Tibériade. Cette église fut détruite par le tremblement de terre de 749 qui ruina toute la Galilée. Rebâtie plusieurs années plus tard, selon le plan original, elle fut abandonnée au XIIe siècle. Le palais de Bérénice se cache donc ailleurs!

Une église imposante

     L'église elle-même est un bâtiment vaste pour l'époque, de 48 m de longueur sur 28 m de largeur; sa maçonnerie est soignée! L'église est construite selon le style classique des basiliques byzantines. On entre d'abord dans une cour à ciel ouvert, bordée de portiques (atrium); le sous-sol est occupé par une grande citerne (300 m3), destinée à recueillir les pluies d'hiver (Fig. 1 : 1 et 2).

 plan

Figure 1 : Plan de l'église

     La nef (Fig. 1 : 3) est aménagée en trois travées; la centrale domine les autres en largeur et en hauteur; une abside clôture chacune des travées (Fig. 1 : 6).

     Une jolie balustrade entoure le choeur (Fig. 1 : 4) ou presbyterium (réservé aux seuls prêtres). Contre le mur de l'abside, au fond du choeur, on a aménagé des bancs pour les prêtres. Le sol de la nef et du choeur est recouvert de superbes mosaïques représentant des fruits et des oiseaux de Palestine encadrés de motifs géométriques multicolores.

     Les fondations de l'autel (Fig. 1 : 5) sont bien conservées : elles cachent une deuxième surprise! Sous cet autel, l'espace du sol est recouvert d'une dalle de marbre. En son centre, on a pratiqué une ouverture ronde : de toute évidence, cette dalle protège la relique du saint patron de ce sanctuaire. Mais non! C'est un gros bloc de basalte (pierre volcanique commune en cette région) de 487 kg qui est ainsi protégé (Fig. 2)!

La stèle et son secret

 stèle

Figure 2 : L'ancre

     Ce bloc mesure 1,02 mètres de longueur sur 50 cm de largeur sur 30 cm d'épaisseur. Toutes les surfaces en ont été grossièrement polies, sauf l'un des bouts qui a été aiguisé à la façon d'un pieu ou d'un poteau; à l'origine, le bloc pouvait donc être dressé. Autre particularité : le trou pratiqué à son deuxième bout traverse le bloc de part en part. Troisième surprise : le poids et les dimensions de ce bloc de basalte nous incitent à le ranger dans le groupe de plusieurs pierres semblables, trouvées dans cette région, et qui datent de la première moitié du IIIe millénaire avant J.-C. (3000-2500 avant J.-C.)! Ce sont des stèles évoquant des dieux! Pourquoi placer l'une d'elles sous un autel chrétien? Voilà le mystère!

     Le trou pratiqué à l'un des bouts donne au bloc l'aspect des ancres de bateaux que l'on trouve autour du lac de Tibériade, sauf que ces blocs ne dépassent jamais les 40 kg; « le nôtre » pèse dix fois plus! La seule hypothèse formulée jusqu'à présent, c'est que cette ancre « fictive » serait un symbole du Christ lui-même, sans doute inspiré par les scènes de pêche des évangiles. En effet, dans l'iconographie chrétienne, sur la base de He 3,6, l'ancre évoque la confiance ou l'espérance en Jésus.

     Pour l'auteur de cette chronique, une telle hypothèse paraît séduisante : les armoiries de sa famille religieuse sont constituées d'une croix, flanquée de deux ancres, avec l'inscription spes unica (unique espoir).

     Ainsi, des chrétiens du VIe siècle réutilisent une stèle païenne, vieille de trois mille ans, pour exprimer leur pleine confiance en Jésus, Christ et Seigneur.

Guy Couturier, CSC
Professeur émérite, Université de Montréal

Source: Parabole xix/5 (1997).

 

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Des toilettes privées

 

 

 

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