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Thomas :
des preuves ou des signes pour croire (Jean 20, 26-29)
Il n’y a pas à en douter : nous sommes les sœurs et les frères jumeaux de Thomas quand nous sommes tentés de réclamer des preuves pour appuyer notre foi sur du solide. Si nous étions exaucés, nous n’aurions plus besoin de croire, car nous serions placés devant des évidences irréfutables. Une part de notre foi repose sur le témoignage d’autres croyants qui ont fait l’expérience de la rencontre du Christ ; une autre part vient de l’action de l’Esprit qui éveille le désir de Dieu au cœur de notre quête de sens ou de notre recherche spirituelle ; enfin une autre part de notre expérience de croyant et de croyante s’appuie sur le discernement de la présence active du Christ dans notre vie, à travers des situations qui prennent valeur de signes. Même si nous n’avons pas vu Jésus de nos yeux, heureux sommes de croire à cause de ces signes, du témoignage d’autres croyants ou de l’action subtile de l’Esprit dans notre propre esprit.
26 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
29 Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
30 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. 31 Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
La double manifestation du Ressuscité à ses disciples, à une semaine d’intervalle, quand ils sont réunis tous ensemble pour le jour du Seigneur, est la conclusion originelle de l’Évangile selon saint Jean. Après un certain temps, une intervention rédactionnelle ajoutera le chapitre 21 mettant en évidence la rencontre du Ressuscité et de Pierre qui se voit confier sa mission pastorale après avoir fait sa profession d’amour (voir le Feuillet 2358).
Notre passage tourne les projecteurs sur Thomas. Le récit mentionne qu’il reçoit difficilement le témoignage des apôtres qui ont vu le Ressuscité. Lui aussi veut le voir et même toucher aux marques de sa passion, car la mission apostolique repose sur ceux qui ont été les témoins oculaires du Ressuscité après l’avoir accompagné durant son ministère en Galilée jusqu’à sa mort sur la croix. Thomas doit donc être pleinement du nombre de ces témoins. Ce sont d’ailleurs les critères que les apôtres établiront pour choisir un remplaçant à Judas (Actes 1, 21-22).
Huit jours plus tard, Thomas se trouve avec les autres apôtres alors que Jésus se tient au milieu d’eux. Lui aussi voit le crucifié ressuscité, mais le récit ne dit pas qu’il lui aurait touché. Mais c’est dans sa bouche que l’on trouve la profession de foi par excellence : Mon Seigneur et mon Dieu, qui constitue le sommet de l’évangile johannique : afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. Avouons que l’on n’a pas fait honneur à Thomas en s’étant empressé de le désigner patron des incrédules.
Considérons plutôt Thomas comme le modèle de tous les croyants et croyantes qui sont appelés à se considérer heureux de confier leur vie à Jésus Christ, le Fils bien aimé de Dieu, afin de vivre dans la lumière de l’amour de Dieu qui donne sens à leur vie. La béatitude Heureux ceux qui croient sans avoir vu ouvre l’horizon à tous ceux et celles qui verront leur vie transformée par la rencontre du Christ et qui deviendront des signes de Celui qui ne cesse pas de se tenir vivant non seulement au milieu de son Église mais aussi au milieu du monde.
Source: Le Feuillet biblique, no 2375. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Chronique précédente :
La foi et la rencontre du Christ
28- Marthe et Marie :
face à la mort, l’acte de foi ultime (Jean 11)
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