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Marthe et Marie :
face à la mort, l’acte de foi ultime (Jean 11)
Malgré l’amitié qui liait Jésus à Lazare, son comportement nous étonne. Il attend que Lazare meure pour aller à sa rencontre et exprimer sa sympathie à ses deux sœurs. D’ailleurs Marthe lui en fait la remarque : Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Et un peu après, elle lui rappellera que Lazare est mort depuis déjà quatre jours et que la putréfaction de sa chair est déjà commencée. Voilà une autre insistance de l’évangéliste à affirmer le caractère inéluctable et irrémédiable de la mort. Et avec cette insistance, un autre message : Jésus n’est pas un magicien qui peut faire disparaître la mort comme par enchantement, même si parfois nous le souhaiterions de tout cœur. Risquons même une affirmation audacieuse : Jésus ne veut pas que nous échappions à la mort. D’ailleurs lui-même n’y a pas échappé.
21 Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » 23 Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » 24 Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » 25 Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; 26 quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » 27 Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Jésus n’abandonne pas l’être humain en face de la mort. Il se fait proche de Marthe et Marie, les sœurs de son ami Lazare. Mais il leur fera franchir un pas décisif pour leur cheminement dans la foi. Elles croyaient et attendaient, comme les autres juifs, la résurrection au dernier jour de l’histoire du salut. Mais de là à penser que la résurrection fait déjà son œuvre dans leur aujourd’hui, c’est un pas qu’elles n’ont pas encore franchi.
Ce pas, Jésus le leur fera franchir. Le dialogue de Jésus et de Marthe nous fait assister à son cheminement vers la plénitude de la foi, en ce moment où cette dernière est confrontée à la mort. C’est après que Marthe eut proclamé sa foi en Jésus, Messie et Fils de Dieu, et que Marie se fut prosternée devant lui en signe d’adoration, que Jésus, ayant prié son Père, se dressera contre la mort et en libérera leur frère Lazare. Ici encore, l’évangéliste nous livre un message: la mort est l’épreuve déterminante et décisive de notre foi au Christ. Vivre sa mort dans l’amitié du Christ ressuscité est le dernier acte de foi que nous puissions poser. Ce dernier acte de foi nous fait entrer dans la communion d’amour avec Dieu. À la frontière ultime de notre vie sur terre, Jésus nous invite à croire que nous laissons la mort de ce côté-ci de la frontière pour trouver, de l’autre côté, la plénitude de la vie qui est Dieu. Cette plénitude de vie est déjà la condition du Ressuscité de Pâques.
Chaque fête de Pâques, nous célébrons non seulement la résurrection du Christ Jésus mais aussi notre participation à sa résurrection, puisque nous avons été plongés, baptisés en lui. Par le baptême, nous sommes solidaires du Christ. Comme l’affirme saint Paul, l’Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en nous. Il est notre vie. Il est à l’œuvre en nous, comme il l’a été dans celle de Jésus. Cet Esprit de vie continuera d’exercer son emprise sur nous, lorsque nous franchirons le cap de la mort. Ce sera alors le moment de notre pâque, de notre passage de ce monde à celui du Père. Baptisés en Jésus Christ, nous sommes sur la voie de la résurrection. Autrement dit, nous sommes des ressuscités en pleine croissance car Dieu a fait de nous des vivants pour toujours, parce qu’il est amour.
Source: Le Feuillet biblique, no 2374. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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Chronique précédente :
La foi et la rencontre du Christ
27- Le chemin de foi de l'aveugle-né (Jean 9)
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