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chronique du 15 janvier 2016

 

Bible et violence

Hommage québécois aux victimes du Bataclan

Hommage québécois aux victimes du Bataclan : Philippe Couillard, Denis Coderre, Anne Hidalgo, Manuel Valls, Sophie Grégoire et Justin Trudeau (photo : Le Devoir)

L’actualité parisienne des derniers mois de l’année 2015 a été marquée d’une croix rouge sang par l’effroyable massacre du Bataclan réalisé par des jeunes hommes au cri de « Dieu est grand ». Un tel massacre impliquant Dieu, dans l’espoir de mourir « martyr » – c’est-à-dire en héros ou témoin de la foi – pose des questions lourdes de sens. J’en exprime quelques-unes :

  • Comment peut-on tuer des hommes et des femmes au nom de Dieu ou de la religion?

  • Qu’en est-il de l’accusation qui fait de la Bible, la foi et la religion une source de violence?

  • La Bible elle-même ne comporte-t-elle pas des appels à la violence?

  • La religion, par sa prétention à la vérité, n’est-elle pas de fait source de violence dans la société?

     Les religions sont aujourd’hui mises en cause, accusées ou suspectées d’être source de violence et les historiens rappellent que les guerres de religion en Europe (entre le XVIe et le XVIIIe siècle) ont été parmi les plus meurtrières, laissant les pays vidés d’une partie de leur sang. Beaucoup en sont scandalisés et rejettent une Église et un christianisme qu’ils accusent d’être à l’origine des maux et des divisions qui ont marqué l’histoire. Un jugement équitable sur l’histoire voudrait que l’on n’oublie pas les morts causés par les grandes idéologies du XIXe et XXe siècle. L’évacuation de Dieu de toute pensée politique n’a pas produit le résultat escompté. Les victimes du nazisme, du communisme et de l’ultralibéralisme économique se comptent par dizaines de millions. Ceci pour rappeler que la violence tire son origine de sources diverses; les religions sont loin d’en être l’unique cause.

     Alors qu’il estime que sa foi est source d’amour entre les hommes, le croyant trouvera certainement l’accusation portée injuste et difficile à entendre. Il ne suffit pourtant pas de la rejeter d’un revers de main en disant que c’est autre chose. À mon sens, il est renvoyé à ses études et prié de « rendre compte de sa foi » en termes crédibles. Dans cette perspective, je vous propose de prendre ce thème de réflexion à bras-le-corps et d’y réfléchir attentivement sous le titre général : « Bible et violence ».

Lire la Bible à partir de son contexte

     La Bible est un ouvrage complexe qui rassemble des récits et des traditions sur des événements qui se sont produits au cours de près de 1500 ans. Les plus anciennes traditions n’ont pas la même compréhension de Dieu que les écrits rédigés au retour de l’Exil (vers 520 av. J.C.). Le visage de Dieu évolue en fonction et tout au long de cette histoire qui culmine, pour les chrétiens, avec Jésus Christ. En posant un regard critique sur cette longue période, on découvre l’émergence progressive de l’image que le Judaïsme puis le Christianisme se font de Dieu. Ce visage, je vous invite à le découvrir.

     Lorsqu’une personne ouvre la Bible et cherche à décrypter son contenu, il n’est pas rare qu’elle tombe sur des textes qui la heurtent et la scandalisent. Voici trois points essentiels pour comprendre la Bible.

1. Raconter l’histoire pour en dégager le sens

     Si l’écriture des différents textes commence probablement au VIIIe siècle (av. J.-C.), l’essentiel est écrit et mis en forme après le retour de l’Exil entre le Ve et le IIe siècle (av. J.-C.). Il ne faut jamais oublier que l’histoire n’est pas écrite de la même manière durant l’Antiquité ou au XXIe siècle, même si la démarche fondamentale reste proche. Il s’agit toujours d’agencer des faits passés et d’en faire émerger le sens.

2. La Parole de Dieu doit être interprétée à la lumière de son contexte

     Le contexte dans lequel un livre est écrit est essentiel. Contrairement à un musulman, un chrétien ne lit pas le livre de la Parole de Dieu, comme « une parole tombée du ciel, directement de la bouche de Dieu ». Différents auteurs sont nommés dans le Premier comme dans le Nouveau Testament et les livres ont été retravaillés et complétés, durant la période de rédaction, en fonction des époques et des événements. La parole de Dieu est sans cesse à être découverte ou redécouverte. Elle fait l’objet d’un travail d’interprétation dont on ne peut se passer. Si le texte biblique s’est figé dans une composition précise à partir d’une certaine époque, il n’est pas lu de la même manière par les Pères de l’Église ou par les hommes et les femmes d’aujourd’hui.

3. Les genres littéraires ne s’interprètent pas tous de la même façon

     Les différents livres de la Bible utilisent des types d’écriture ou des styles littéraires (épopée, poésie, prière, prophétie, apocalypse…) différents. Les auteurs de ces livres sont en plus tributaires de la culture de leur époque : une certaine cosmologie, l’utilisation de récits mythiques pour expliquer le monde, une compréhension particulière du type d’intervention de Dieu dans l’histoire. Aujourd’hui, un homme ou une femme qui lit la Bible ne peut se contenter de la prendre à l’état brut. Il ou elle doit faire un effort de décryptage pour être en mesure d’entendre la Parole ou le sens qui l’interpelle.

Roland Bugnon

Suite de la série :
Dieu : source de violence ?

Article précédent :
Chercher Dieu en tâtonnant

 

 

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