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La lampe de ma vie
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chronique du 11 septembre 2015

 

Le temps de l’écriture et le temps de la proclamation 4/5

L'écriture à l'époque romaine

L'écriture à l'époque romaine

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Comment faire concrètement pour parvenir soi-même ou aider l’autre à entrer dans l’intelligence des Écritures. Il ne suffit pas de répéter avec d’autres mots le texte choisi. Je propose ici mes propres réflexions qui n’ont rien d’exclusif.

Des époques différentes

     Un premier point est particulièrement important. Nous n’avons pas un accès immédiat au sens des Écritures. Les premiers textes qui vont constituer peu à peu les Écritures juives (l’Ancien Testament) sont écrits à partir des années 800 av. J.-C. et le Nouveau Testament avec les premières lettres de Paul, commence à être écrit vers 52 apr. J.-C. pour s’achever entre 100 et 120. Ces textes forment un ensemble disparate, écrits par des auteurs différents, au fil d’une histoire qui connaît ses moments de gloire et ses errances. Ils vont servir de lien fondateur d’une identité commune à un petit peuple qui se rassemble progressivement dans une même foi en un Dieu unique qui prend souci de lui, l’accompagne et le soutient au cœur de toutes les épreuves que l’histoire lui fait traverser.

Des auteurs différents

     Par ailleurs, ces livres ne sont pas écrits sous le signe d’une dictée divine. Ils sont tributaires du temps qui les a vus naître, suivent les mêmes règles que celles de la littérature antique. Exemple : tout le Pentateuque est attribué à Moïse, tous les Psaumes à David et le livre d’Isaïe ne compte pas moins de trois auteurs différents. Par ailleurs, la littérature antique transmet un fond culturel commun à plusieurs civilisations et c’est ainsi que le livre de la Genèse parle de la naissance du monde et de l’humain, du mal, de la violence qui sévit sur la terre, du déluge, en s’inspirant des récits rencontrés dans les mythes mésopotamiens, tout en leur donnant un sens nouveau et propre.

Une conception du monde différente

     Autre élément à ne pas oublier, la cosmogonie d’une époque qui imagine le monde comme un plateau à fromage posé sur des piliers qui plongent dans le grand abîme et un immense couvercle auquel sont accrochés le soleil, la lune, les étoiles et qui retient les « eaux d’en-haut ». C’est la conception du monde qui prévaut jusqu’au développement des sciences qui nous font découvrir le monde sous un jour tout autre, mais n’enlève rien au message que la Bible continue à adresser : l’idée de création du monde par un Dieu qui agit avec la seule puissance de sa Parole, une certaine conception de l’homme et de la femme et de sa situation dans ce monde où il naît.   

Un prédicateur au travail

     Le prédicateur, ou toute personne qui veut entendre et expliquer le message des textes bibliques, ne peut se passer de cette prise de conscience, ni du travail nécessaire pour comprendre le sens du texte venu de telle ou telle époque. Les archéologues et les spécialistes de la littérature biblique peuvent dater l’écriture de tel ou tel livre et le milieu dans lequel il a paru et en faire comprendre la portée. Prenons en exemple la saga d’Abraham avec la longue errance qui le conduit d’Ur en Chaldée jusque sur les hauts plateaux de Samarie (Genèse 12-25). L’écriture de la vie de cet homme utilise certainement de vieilles traditions orales, d’origine tribale, mais se fait dans une perspective précise, à une époque où le peuple d’Israël, de retour d’exil, trouve Jérusalem sous un champ de ruines que les ronces ont envahi. Beaucoup sont tentés par le découragement, prêts à tout abandonner. L’histoire reprise de la vie d’Abraham, est l’occasion de mettre en évidence « l’homme de la foi » que rien n’arrête, le parfait exemple à présenter à ceux qui doutent des promesses de Dieu. Si les petites histoires tribales, reprises dans le récit biblique, ne présentent pas toutes le même intérêt, la figure de l’homme qui accueille avec foi ce qui est humainement impossible, n’a rien perdu de son actualité. Si l’on traverse la Bible en prenant tout au pied de la lettre. On ne comprend pas à quoi tel ou tel livre peut servir. Pour y puiser sa richesse spirituelle, il faut écouter le message qu’il fait monter du fonds des âges. Depuis des décennies, un travail de meilleure compréhension se fait dans l’Église. Le site interBible en est une illustration parmi d’autres. À chacun de savoir utiliser le résultat de décennies de recherche, avec le minimum de travail nécessaire. Les hommes et les femmes d’aujourd’hui, ont aussi besoin de comprendre intellectuellement comment de vieux textes peuvent faire sens aujourd’hui.

Des auditeurs différents

     Un autre aspect important ne doit pas être oublié, c’est le temps ou l’époque qui les proclame et cherche à les comprendre. Les milieux qui reçoivent la Parole peuvent être multiples et leurs intérêts variés. Un Africain entre peut-être mieux dans la compréhension de certaines narrations de la Bible qu’un Occidental qui a perdu le sens du langage symbolique. Un jeune féru d’internet et de nouvelles technologies n’éprouve pas le même intérêt pour le vieux texte biblique qu’une personne ayant reçu une formation plus classique. Le prédicateur désireux de faire entendre le message biblique doit tenir compte de tous ces aspects, ainsi que toute personne qui cherche à entrer dans l’intelligence des Écritures. Cet aspect est très présent dans le Nouveau Testament qui nous propose quatre manières d’entendre la Bonne Nouvelle ou l’Évangile de Jésus Christ. Alors que Marc s’adresse à une communauté chrétienne issue du paganisme, à qui il prend soin d’expliquer les traditions juives, Matthieu vise un public de Juifs convertis. Il parle et écrit en utilisant des arguments de types rabbiniques, avec de nombreuses citations tirées des Écritures. Quant à Jean, il est pris dans la polémique qui marque, à la fin du 1er siècle, les relations entre la Synagogue et la jeune communauté chrétienne. Les opposants à Jésus sont appelés « les Juifs », alors que les synoptiques parlent « des scribes, pharisiens et sadducéens. De son côté, au cours de ses voyages missionnaires, Paul cherche sans cesse, avec plus ou moins de bonheur, à s’adapter au public qui l’écoute, tantôt d’origine juive, tantôt païenne. À Athènes face à l’Aréopage, il s’essaie à une réflexion plus philosophique, mais par la suite, opte, dans sa Première lettre aux Corinthiens, au « langage de la croix et de la grâce ».

     Ce que les premiers prédicateurs de l’Évangile ont fait, le prédicateur d’aujourd’hui ne peut s’en dispenser. Il ne suffit pas de sortir une réflexion toute préparée, de sa poche et de la lire. Il faut encore apprendre à s’adapter au type de personnes à qui l’on s’adresse. C’est un long apprentissage qui se fait au fil des ans, en restant attentif aux réactions que suscite sa propre parole. Ce n’est pas l’auditeur qui doit s’adapter au prédicateur, mais bien à celui-ci de choisir un langage qui puisse être compris de celles et ceux à qui il s’adresse.

     Est-il possible d’en dire plus sur le langage que l’on veut privilégier? Ce dernier point reste à développer.

Roland Bugnon

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La prédication et la language du cœur

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La fiction au service de la foi

 

 

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