chronique du 10 juin 2011 |
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Enterrement ou incinération?Comme chrétien, pouvons-nous librement choisir entre l’enterrement et l’incinération? (Patrice) L’ensevelissement des morts est un des signes de l’avènement de l’humain, au cours de l’histoire, et se fait de manière très différente selon les temps, les lieux et les cultures. Ce souci porté au défunt marque la naissance d’une préoccupation nouvelle. On ne laisse pas le cadavre d’un proche se décomposer comme une vulgaire charogne et on accompagne son ensevelissement de rituels particuliers, à signification plus ou moins religieuse. La notion de vie après la mort est présente, sans qu’on en ait une idée précise. Ici, on met dans sa bouche une pièce d’argent pour qu’il ait de quoi payer son passage vers l’Hadès ou le séjour des morts; ailleurs, comme en Égypte, on lui prépare un séjour somptueux avec tout ce qu’il faut pour vivre dans l’au-delà. Les pharaons égyptiens se font construire d’immenses pyramides qui leur serviront de tombeaux, alors que les hindous brûlent leurs morts sur les bords du Gange, leur fleuve sacré. Chaque culture possède ou invente ses rituels particuliers. Que dit la Bible à ce sujet? Avouons qu’elle ne dit rien de précis sur le thème de l'enterrement lui-même. Nous y trouvons pourtant l’évocation de rituels qui sont pratiqués et qui accompagnent la mort d’une personne, depuis l’époque des patriarches jusqu’au temps de Jésus. Ces rituels permettent surtout de comprendre et de préciser le rapport que les Hébreux entretenaient avec la mort. Comme dans toutes les cultures de l’époque, ils ont le souci d’enterrer leurs morts. Si l’on se réfère au livre de Tobie, l’ensevelissement des morts est considéré comme un devoir de charité à rendre à toute personne décédée, alors que laisser les morts livrées aux chiens errants et aux vautours est choisi, par le conquérant victorieux, comme une manière d’humilier encore plus le vaincu.
Scènes de funérailles égyptiennes de la tombe de Ramosé (Thèbes) Comment est pratiqué ce devoir? Tout dépend de la situation que connaît le défunt. Dans le livre de la Genèse (Gn 23), Abraham achète à Ephron le champ et la grotte de Makpéla – à Hébron – pour y enterrer sa femme Sara et lui-même y sera enterré. Si, pour les rois et les personnages importants, le lieu de leur ensevelissement est marqué par l’édification d’un tombeau plus ou moins monumental, les plus pauvres ne bénéficient bien souvent que d’une mise en terre rapide avec une stèle ou une pierre dressée qui marquent l’emplacement. Le Nouveau Testament évoque également de telles situations. Le corps de Lazare est entouré de bandelettes et celui de Jésus d’un linceul, après avoir été lavé. On ne procède pas à la momification du défunt, chez les Hébreux, comme c’est le cas en Égypte. Pour Lazare et pour Jésus, on dépose le corps dans une grotte ou une chambre mortuaire creusée dans le roc et dont on ferme l’entrée avec une pierre roulée devant et scellée. Ensuite, pendant un temps plus ou moins long, la famille procède à une cérémonie de deuil, les femmes portant des habits couverts de poussière, avec des pleureuses, des chants de lamentations et la visite des proches et des amis... Qu’en est-il de l’enterrement et de l’incinération?Peut-on choisir librement entre l’enterrement et l’incinération? La réponse donnée aujourd’hui est « oui »! C’est devenu un problème de sensibilité personnelle. À cela s’ajoute le désir de la famille du défunt de faire le deuil du proche qui s’en est allé. Et de le retrouver, à certaines occasions, comme à la Toussaint où l’on voit fleurir les cimetières. L’ensevelissement, comme la dépose de l’urne funéraire à un endroit précis, permettent cela. Cette préoccupation, on la voit lors de catastrophe comme le récent tremblement de terre au Japon ou la chute en mer d’un avion et de ses passagers. La récupération des corps des disparus et les rituels funéraires qui accompagnent le recueil des défunts, permettre aux personnes qui les ont aimés de faire leur deuil et de retrouver la paix. Ajoutons encore une remarque. Certains peinent à lier incinération et résurrection des morts. Je crois, moi aussi, en la « résurrection de la chair » comme le dit le Credo. La résurrection des morts ne signifie pas réanimation de nos corps partis en poussière, mais l’ouverture à une vie nouvelle auprès de Dieu. Il ne s’agit pas d’une vie dans nos anciens corps trop lourds, malades ou déformés, mais d’une naissance dans des « corps spirituels » comme dit Paul aux Corinthiens (1 Co 15,35-58). C’est là l’espérance qui nous anime et qui anime l’humanité depuis qu’elle a commencé à ensevelir ses morts.Lire aussi : Chronique
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