chronique du 8 mai 2009
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Bible et prièreSi la Bible est bien un monument de l’histoire culturelle de l’Occident, qui appartient à cette histoire et peut faire l’objet de toutes sortes d’études, elle n’en est pas moins aussi un livre religieux. 2. Le rôle que la prière peut jouer dans la lecture de la BiblePour le judaïsme et le christianisme, elle est un livre « saint » qui retrace, au travers de multiples langages, les rapports entre Dieu et son peuple et donne sens à l’histoire humaine. Plus d’un milliard de croyants, juifs et chrétiens, voient en elle, le Livre de la Parole de Dieu ou le Livre à travers lequel Dieu parle au cœur de celles et ceux qui se mettent à son écoute. Si pour les Juifs, la Bible s’arrête au Premier – dit aussi l’Ancien – Testament, les chrétiens y ont ajouté leurs propres Écritures – celles qui concernent Jésus Christ – le Nouveau Testament. Pour les croyants de l’une et l’autre tradition religieuse, la Bible est par excellence la source de leur foi et s’ils cherchent à mieux la comprendre – en s’aidant de tout l’apport des nouvelles connaissances historiques et archéologiques – c’est pour nourrir leur propre foi en ce Dieu qui parle au travers des Écritures. Une nouvelle question surgit alors : que requiert une lecture croyante de la Bible? C’est à ce niveau-là qu’il faut situer le lien entre prière et lecture des Écritures Saintes. Le croyant peut chercher à comprendre la Bible à partir des toutes dernières recherches qui sont faites, mais il sait aussi que le livre qu’il ouvre est le lieu où se révèle une Présence qu’il nomme Dieu ou YHWH. Dans la voix qui se fait entendre dans le buisson qui brûlait sans se consommer (Ex 3), Moïse découvre la voix du Dieu de ses pères, qui se souvient de son peuple. C’est la même voix qui retentit sur le Sinaï et donne au peuple d’Israël le Décalogue ou les Dix Paroles de liberté. Cette Présence qui guide le petit peuple d’Israël tout au long de son histoire mouvementée, s’exprime aussi à travers des hommes, les Prophètes, qui la font retentir de multiples manières. Encore enfant, Samuel l’entend dans le temple de Silo et lui répond en disant : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. Ainsi en sera-t-il pour Amos, Osée, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, ces hommes qui feront retentir la Parole divine au milieu d’un peuple en bute à toutes les vicissitudes de l’histoire. Leurs paroles ont été consignées par écrit, parce que d’autres personnes y ont aussi reconnu la présence de la Parole du Dieu qui se fit connaître à Moïse. Cette parole sera accueillie religieusement, méditée dans le silence du cœur par des générations de croyants qui la découvriront et la garderont comme une source de vie. Elle sera également le point d’appui d’une prière – reprise dans le livre des Psaumes – qui exprime tous les états d’âme que connaît le croyant. Ainsi le psaume 63, 2 (Tob : 62) Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi. Les premiers chrétiens vivront, en quelques décennies seulement un processus similaire. Comme les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35), ils reliront l’histoire vécue avec Jésus, à la lumière des Écritures; et lorsque les premiers témoins disparaîtront, les nouvelles générations de croyants éprouveront le besoin de mettre par écrit tout ce qui concernait Jésus de Nazareth en qui ils ont reconnu le Messie ou l’Envoyé de Dieu. Pour eux aussi les paroles du rabbi de Nazareth étaient devenues sources de vie éternelle. La jeune communauté chrétienne se reconnaissait dans les paroles de Pierre confessant sa foi en Jésus (Jn 6,68) : Seigneur à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. La foi de Pierre et de toutes celles et tous ceux qui suivront ce chemin, procède de cette conviction intime : en Jésus sont les paroles de la vie éternelle. Il est pour eux, nous dit Jean, le Verbe ou la Parole humaine de Dieu adressée à toute l’humanité (Jn 1,1). C’est à partir de là qu’il faut situer la place de la prière dans une lecture croyante de la Bible. Si Dieu s’y exprime, au travers, certes, d’un langage souvent très humain dont il faut parfois décrypter le sens, le croyant ne peut y entrer qu’en respectant certaines règles. J’en cite trois. Il doit commencer par se mettre à l’écoute de ce langage, de ce qu’il dit dans le genre littéraire qui est le sien. Il faut faire l’effort intellectuel nécessaire pour comprendre la signification qu’il pouvait avoir à l’époque où il a été rédigé, mettre à jour le genre de questions auxquelles il voulait répondre, les symboliques qu’il utilise. Le chrétien peut également s’attacher à mettre en évidence, le sens qu’il a pris au temps de Jésus et de l’histoire chrétienne. Tout ce travail autour du texte évite une lecture trop naïve qui risquerait de nous faire croire que tout est immédiatement « parole de Dieu ». Après ce premier travail, le croyant est davantage en mesure d’entendre le message profond du texte, le domaine du sens qu’il ouvre et de la « parole de vie qu’il adresse ». C’est à ce niveau-là que la recherche devient prière qui lui fait dire, comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Cette écoute-là se fait nécessairement dans une attitude priante. Elle est silence, ouverture du cœur, méditation, accueil d’une présence qui s’exprime au plus profond de soi. Cette écoute de la Parole fait entrer à un niveau de compréhension nouveau qui conduit à découvrir une source d’eau vive, une Présence toute aimante et toute joie qui multiplie les capacités de vie et comble de joie. Cette présence prend, pour le chrétien, le visage de celui que Jésus appelle son Père et que l’on peut également appeler « notre Père ». La lecture biblique fait alors entrer le croyant dans une relation vivante avec le Dieu Vivant. On peut ajouter un troisième aspect important. Si Pierre est parvenu à dire à Jésus : Toi seul a les paroles de la vie éternelle, c’est parce qu’il a cheminé longuement avec lui. C’est l’invitation que fait Jésus aux premiers disciples qui s’intéressent à lui : Venez et voyez! La compréhension de la Bible est étroitement liée à ce « demeurer » auprès du maître. Le croyant doit vivre intensément avec lui, l’écouter avec passion, alors seulement il sera en mesure d’entrer plus pleinement dans le sens des paroles qui sont les siennes. Jésus invite ses disciples à cheminer. Il ne donne aucune directive sur la manière de comprendre. Il parle et agit, pose des gestes de guérison, ne craint pas l’attitude qui heurte les habitudes du temps. A chacun de trouver la signification de cette vie hors norme qui continue à nous interpeller aujourd’hui! Il ne faut pas oublier d’invoquer ici l’Esprit Saint que Jésus promet aux siens et qui les guidera dans leur recherche. Début de l'article : Chronique
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