chronique
du 25 mai 2001
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La vie après la vie Qu'arrive-t-il
après notre mort? (V. L.) Contrairement à ce que nous serions tentés de croire, il y a fort peu d'images de l'au-delà dans la Bible. Voyons pourquoi. Les croyants de l'Ancien Testament parlent davantage d'une fin à la vie: le « séjour de morts » (par ex., Gn 44,29-30; És 38,18; Qo 9,10) ou le lieu « de nos pères » (par ex. Gn 15,15; Nb 20,24). Les passages sont nombreux et bien répartis dans l'ensemble des Écritures en hébreu. Mais dans les derniers siècles avant Jésus-Christ, l'horizon de l'existence s'élargit. Dans le « séjour des morts », les « justes » attendent, sans aucune conscience, une intervention de Dieu qui reste imprécise (Tb13,2; Sg 16,13). Deux facteurs semblent avoir joué un rôle déterminant dans le développement d'une conception d'un « après-la-vie » dans la Bible: 1) la vision des « ossements desséchés » du prophète Ézéchiel (37,1-14; voir aussi Jb 19,25-27) qui, à l'origine, parlait de la restauration du peuple de Dieu après l'Exil, et 2) la propagation en milieu grec de la foi Juive. L'au-delà devient lentement le lieu de paix où Dieu tient les justes dans « sa main » en attendant la pleine réalisation du salut (Sg 3,1-3). Au temps de Jésus, parmi les Juifs, les Sadducéens ne croyaient pas en la résurrection des morts (Mt 22,23-33 et parr.), tandis que les Pharisiens l'espéraient. D'ailleurs, l'apôtre Paul se sert de cette divergence d'opinion pour jeter la confusion dans une assemblée qui veut le juger (Ac 23,1-11 ). Et à partir de Jésus? Jésus se situe dans l'espérance des Pharisiens. Ses mentions de la résurrection sont nombreuses et variées (par ex. Mt 22,31; Lc 20,35). Même s'il utilise parfois un langage symbolique pour décrire l'au-delà, Jésus parle à l'occasion d'un espace où les justes se retrouvent dans la paix (le « sein d'Abraham », Lc 16,22; le « paradis », 23,43). Ailleurs, il est parfois question d'une « purification comme l'or au creuset » (1 Co 3,13-15; voir aussi Sg 3,5-9), d'un « pardon des péchés » dans le monde à venir (Mt 12,31-32) ou d'une transformation (« élevés », 1 Th 4,16-17) avant d'accéder à la vie éternelle en plénitude. Semés « corruptibles », nos corps seront transfigurés, « incorruptibles » (1 Co 15,35-58). Notre espérance n'est pas vide: elle est fondée sur la résurrection même de Jésus, « prémices » de ce qui nous attend (1 Co 15,20). L'élément le plus fréquent et le plus important demeure la « venue du Fils de l'homme », le « jour du Seigneur » ou le « jugement dernier » (Mt 25,31 et ss; Mc 13,26-27, Ap 21-22, etc.). À un moment que seul le Père connaît (Mc 13,32), Dieu établira son « Règne » d'une façon complète et définitive. Les images sont nombreuses: le « banquet » où seront conviés des gens qui viendront « du levant et du couchant » (8,11), un rétablissement de toute injustice ou oppression où même ceux et celles que nous n'attendions pas entreront (Mt 25,37; 21,31), la « Jérusalem céleste » que Dieu illumine de sa gloire (Ap 21,23), etc. Par des images fortes, qui n'ont pas manqué d'inspirer les artistes de toute époque, les Écritures fondent l'espérance d'un Dieu qui mènera l'univers à sa plénitude (Rm 8,19-30; Ap 21-22). Les chrétiens ne croient pas en une « fin du monde » mais en une « transformation » du monde par l'action de Dieu. La théologie et la spiritualité chrétiennes ont, par la suite, développé une symbolique beaucoup plus complexe et plus descriptive de l'au-delà. Ainsi furent élaborées des images précises du « ciel » et de l'enfer - qui ont un certain fondement dans les Écritures - mais aussi des limbes et du purgatoire. Depuis le début du siècle, on perçoit une nette tendance à la sobriété. Serait-ce un retour à la sagesse biblique? D'une façon générale, on peut dire que les chrétiens croit en une transformation de la vie plus qu'à une fin de la vie. Dans les Écritures, on tend à souligner la continuité entre la vie présente et celle qui vient. Le Dieu-Amour crée le monde, il le sauve et le mène à sa pleine réalisation. Ainsi s'est-il manifesté par son Fils; ainsi continuera-t-il d'agir « après la mort ». Guylain Prince Chronique
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