chronique du 28 mai 2010
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À qui appartient la Terre ?Le 28 avril 2010, un bateau est au milieu de la nappe de pétrole
due à l'explosion
Texte biblique : Psaume 24 et Lévitique 25, 23
Commentaire : La souveraineté de Dieu sur la créationLa grande question que se posent les grands de ce monde dans leurs conciliabules du G20 ou du G8 est la suivante : à qui appartiennent la terre et ses ressources. Ils sont tenus en otage par le capitalisme dont ils ont fait leur dieu, leur idole, leur vérité dogmatique. Il y a bien Sarkosy qui prétend refonder le capitalisme après la récente crise économique ou encore Obama qui rage du peu d’éthique des voyous à cravate de Wall Street, mais on peut dire que la montagne en travail enfante d’une souris. Beaucoup de blabla, mais peu d’action. Et ainsi, nous nous dirigeons vers un point de non retour, le « tipping point » dont nous parlent les écologistes à propos du réchauffement climatique causé par l’activité humaine. La planète Terre est menacée par une espèce en voie de disparition, les humains. Les grandes compagnies multinationales se disputent la propriété de la terre et veulent en disposer à leur guise, pour leur plus grand et plus rapide profit possible. Elles le font avec la protection des gouvernements qui servent leurs intérêts et oublient la vie des peuples et la vie tout court. Leurs idoles prétendent se substituer au Créateur : l’or, le pétrole, les métaux, l’eau douce et les océans, les terres agricoles, l’espace interplanétaire, tout est sujet d’appropriation et devient simple marchandise. En décembre 2009, la Conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique fut un échec. En dernière heure, Obama s’est entendu avec le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud et la Chine sur un accord mou et sans contraintes pour ne pas nuire aux intérêts économiques des grands. Solitaire, Evo Morales de Bolivie a élevé le ton : « Ou c’est le capitalisme qui meurt, ou c’est la planète » et trois mois plus tard, en avril 2010, le président aymara convoquait à Cochabamba les peuples et les mouvements sociaux à une Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Mère Terre. Plus de 20 000 personnes, venues de 120 pays, répondaient à son appel. Dans la tradition hébraïque, le psaume 24 nous donne le fondement de la foi au Créateur : « C'est au Seigneur qu'appartient le monde avec tout ce qu'il contient, la terre avec ceux qui l'habitent. » En affirmant la souveraineté de Dieu, on exprime la conviction que sur cette terre, toutes les « puissances » doivent se soumettre à un seul Seigneur, Celui de la Vie. Dans la prière d’Israël, ce refrain est souvent réitéré avec son corollaire : « Une terre ne pourra jamais être vendue de manière définitive, car la terre m'appartient, à moi, le Seigneur, et vous serez comme des étrangers ou des hôtes résidant dans mon pays. » On n’a pas le droit de prendre la place de Dieu et de s’approprier la terre. C’est ce qu’Adam a fait. La mission des humains sur terre est d’être des administrateurs, des gérants qui défendent les intérêts du Créateur, leur Seigneur. Le théologien brésilien, Leonardo Boff, dans sa réflexion sur la rencontre de Cochabamba parle de marier le Ciel avec la Terre. Il affirme que nous entrons dans une nouvelle phase historique : « l’irruption de la conscience planétaire avec la perception que nous formons une espèce unique, qui occupe une maison commune avec laquelle nous formons une communauté de destin. » Aujourd’hui surgit la préoccupation pour l’Humanité considérée comme un tout et pour la Terre considérée non pas comme un objet, une matière inerte, une ressource, mais bien comme un organisme vivant dont nous, les humains, somme l’expression consciente. Au moment où j’écris ces lignes parvient la nouvelle que l’Association des produits forestiers du Canada et neuf groupes environnementaux ont conclu une entente historique sur la gestion de 29 millions d'hectares de forêt boréale où la biodiversité est menacée. Voilà une source d’espoir. Nous n’avons pas le choix, c’est de notre survie comme planète qu’il s’agit; nous avons l’énorme responsabilité de conjuguer économie avec écologie. L’économie capitaliste prédatrice doit céder la place à une économie réelle durable et harmonieuse. Notre mission est de faire de cette planète un grand jardin d’Éden où l’on trouve la justice, la paix, la sécurité, un jardin où toute vie peut s’épanouir en toute liberté, un jardin où l’on peut bien vivre. Le Règne de Dieu, message central de la prédication de Jésus, est quelque chose de concret. Le Règne des Cieux se réalise ici-bas sur la Terre mère. Quels sont ceux et celles qui peuvent y entrer? Le psaume 24 les décrit ainsi : — Ceux qui ont gardé mains nettes et cœur pur, qui n’ont pas étiré la gorge vers l’idole et n'ont pas juré pour tromper. Alors que le dieu argent produit de la corruption et de la fraude partout, on nous rappelle d’éviter les pots-de-vin et de marcher droit. Il faut de la transparence et une authentique justice. A bien y penser, on dirait que ce psaume a été écrit dans le contexte actuel. Prions pour que le gouvernement canadien cesse d’adorer le veau d’or des sables bitumineux et cherche une économie au service de la justice sociale, de l’élimination de la pauvreté et la préservation de la terre, notre mère nourricière.
Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique
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