chronique du 29 octobre 2004
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Dieu est-il
républicain?
Actualité « C'est la responsabilité de chaque militant conservateur, de chaque chrétien évangélique, de chaque catholique pro-vie, de chaque juif orthodoxe, de chaque démocrate reaganien et de tous ceux qui sont avec eux de prendre au sérieux la réélection du Président Bush. » Jerry Falwell, The New York Times, 16 juillet, 2004 « Je pense que George Bush va gagner d'un coup. Je crois réellement entendre du Seigneur que ce sera comme une explosion, cette élection. Le Seigneur l'a simplement béni... peu importe qu'il fasse bien ou mal... » Pat Robertson, AP/Fox News, 2 janvier, 2004 Ces leaders de la droite religieuse prétendent à tort que Dieu a pris parti dans cette élection et que les chrétiens ne devraient voter que pour George Bush. Texte biblique « Moi-même, IHVH', ton Élohîms qui t'ai fait sortir de la terre de Misraîm, de la maison des serfs, .... tu ne porteras pas le Nom de IHVH', ton Élohîms, en vain car IHVH', ton Élohîms, n'innocente pas qui porte son nom en vain. » Les Dix Paroles adressées à Moïse sur le Sinaï, écrit André Chouraqui, sont « la colonne vertébrale de toute société humaine. » Elles s'ouvrent par une déclaration solennelle : « Moi-même! ». Ce discours est prononcé au Je; c'est quelqu'Un qui parle à Moïse. Ce quelqu'un décline son Nom : IHVH', quatre lettres qui expriment l'intimité de cet Etre-tout-Autre. Il s'agit de l'Élohim d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Cet Etre se caractérise par sa compassion et sa volonté de libérer des servitudes. Les Dix Paroles de « Moi-même, IHVH' » tracent pour le peuple un chemin de libération, créent un devoir de liberté. La religion juive, gardienne du Nom révélé, ne le prononce jamais. Personne ne sait comme dire IHVH', car l'Élohim d'Israël est innommable. Il est l'Etre Unique, transcendant, sur qui personne ne peut prétendre mettre la main. Les Chrétiens ont pris l'impudente habitude d'utiliser un nom grec pour dire Élohim : Dieu de deus, évolution du mot Zeus, le dieu de l'Olympe. Nous parlons facilement de Dieu, comme si nous savions tout sur Lui et nous essayons même de le nommer : Jéhova ou Yahvé. Ce faisant, nous risquons beaucoup de porter le Nom en vain. Le troisième commandement ordonne de ne pas porter le Nom en vain. Nous avons compris qu'il ne fallait pas prononcer de jurons contenant le Nom divin ou celui des Saints ou choses saintes, ni faire de faux serments. Mais le sens premier de ce commandement est de ne pas manipuler le Nom pour ses propres intérêts. N'est-ce pas l'un des grands problèmes de l'heure alors que la Maison Blanche héberge un président qui se croit envoyé par Dieu pour défendre l'empire du Bien, alors que d'autres utilisent le Nom d'Allah, eux-aussi pour terroriser les peuples du monde et imposer leurs visions par trop étroites. Durant la campagne électorale des Etats-Unis, le nom de Dieu a été constamment invoqué en vain, pour défendre des programmes politiques, des prises de position partisanes et satisfaire des intérêts bien humains. Voilà un danger bien réel de nous faire voler le christianisme par des sermons qui oublient la justice pour les pauvres et prêchent « Heureux, vous les riches! » Relecture En pleine campagne électorale, des Chrétiens et Chrétiennes des États-Unis rejettent la manipulation de la religion de la part du pouvoir et exigent que la politique soit jugée à l'aune de la justice biblique proclamée par les prophètes. Cette déclaration proposée par Sojouners a été signée par plus de 100 000 Étasuniens et publiée dans de nombreux journaux. Sojourners offre une vision de la foi dans la vie publique. C'est un ministère chrétien dont la mission est de proclamer et de pratiquer l'appel biblique à intégrer le renouveau spirituel et la justice sociale. Nous croyons que revendiquer pour le Président une élection divine, défendre ses politiques inconditionnellement et affirmer que tous les Chrétiens doivent voter pour sa réélection constitue de la mauvaise théologie et une religion dangereuse. Nous croyons que les Chrétiens sincères et les autres croyants peuvent choisir de voter pour le Président Bush ou le sénateur Kerry pour des raisons profondément ancrées dans leur foi. Nous croyons que tous les candidats devraient être examinés en évaluant leurs programmes à la lumière de toute la palette de l'éthique et des valeurs chrétiennes. Nous allons évaluer les candidats sur l'importance qu'ils donnent à la vie humaine, à la dignité humaine et aux droits humains; sur la manière dont ils consolident la vie des familles et protègent les enfants; s'ils promeuvent la réconciliation raciale et appuient l'égalité des sexes; s'ils sont au service de la paix et de la justice sociale; s'ils défendent le bien commun plutôt que le seul bien individuel ou national, ou encore des intérêts particuliers. Nous croyons que la pauvreté - prendre soin des pauvres et des gens vulnérables - est un enjeu religieux. Est-ce que les budgets des candidats et les politiques fiscales favorisent les riches ou démontrent de la compassion pour les familles pauvres? Est-ce que leur politiques extérieures incluent un commerce équitable et l'annulation des dettes pour les pays les plus pauvres? (Matthieu 25, 35-40, Ésaïe 10, 1-2) Nous croyons que l'environnement, - prendre soin de la terre de Dieu - est une affaire religieuse. Est-ce que les programmes des candidats protègent la création ou servent les intérêts des compagnies qui la malmènent? (Genèse 2,1-5, Psaume 24,1). Nous croyons que cette guerre - et notre appel à être des faiseurs de paix -, ont à voir avec la religion. Est-ce que les programmes des candidats poursuivent les guerres de « notre choix » ou bien le respect de la loi internationale et la coopération pour répondre aux véritables menaces mondiales? (Matthieu 5,9) Nous croyons que dire la vérité est un enjeu religieux. Est-ce que les candidats disent la vérité lorsqu'ils justifient la guerre et en d'autres politiques étrangères ou domestiques? (Jean 8,32) Nous croyons que les droits humains, - révérer l'image de Dieu dans chaque personne - concerne la religion. Les candidats nous proposent-ils de changer les attitudes et politiques qui ont conduites aux abus et à la torture de prisonniers irakiens? (Genèse 1, 27) Nous croyons que notre réponse au terrorisme est un enjeu religieux. Les candidats adoptent-ils le langage dangereux de l'empire du bien dans la guerre contre le terrorisme, en confondant ainsi les rôles de Dieu, de l'église et de la nation? Les candidats voient-ils le mal seulement dans nos ennemis et jamais dans nos propres politiques? (Matthieu 6,33; Proverbes 8, 12-13) Nous croyons qu'une éthique cohérente de la vie humaine est une affaire de religion. Les positions des candidats sur l'avortement, la peine capitale, l'euthanasie, les armes de destruction massive, le VIH-Sida et autres pandémies ainsi que le génocide autour de la planète obéissent-elles au commandement biblique de choisir la vie? (Deutéronome 30 :19) Nous sommons les deux partis et les candidats d'éviter l'exploitation de la religion ou de nos communautés pour des motifs partisans. En signant cette déclaration, nous invitons les Chrétiens et tous les croyants à s'impliquer dans cette élection d'une façon plus sérieuse que de revendiquer l'appui divin pour l'un des candidats. Il s'agit d'exercer une citoyenneté chrétienne responsable. Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal. Chronique
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