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Les lendemains
de Bagdad
Aux victimes
oubliées de la guerre du Golfe, des sanctions internationales et
des bombardements incessants, les 27 millions d'Irakiens et d'Irakiennes,
en solidarité fraternelle.
- Le désert sommeillait à nouveau
- soûlé du sang de ses enfants.
- Durant quarante jours et quarante nuits,
- l'orage d'acier avait labouré avec acharnement
- la ville aux mille et un cris,
- éclairant de ses rayons mortifiants le carnage scientifique
- d'un peuple cinq fois millénaire.
- Quatre-vingt tonnes de bombes intelligentes
- avaient fait éclater dans leur fracas apocalyptique
- le tympan délicat des fidèles
- jusque là attentif à la plaintive mélodie
- des sourates sacrées
- lancées du haut d'un minaret.
-
- Le muezzin s'était tu à tout jamais
- pour la jeune Fatima
- abasourdie par la guerre chirurgicale.
- Elle errait comme une ombre silencieuse
- entre les ruines du quartier,
- à la recherche d'une introuvable eau de vie.
- Sur sa route,
- des enfants rieurs se disputaient un ballon de chiffon
- comme au premier jour de la création.
- Quelques pas plus loin,
- un char calciné dressait vers le ciel
- son canon rouillé,
- perchoir improvisé d'un moineau insouciant
- qui piaillait à qui pouvait l'entendre
- que rien ni personne
- ne l'empêcherait de chanter.
-
- Alors sous le voile noir de sa détresse,
- les yeux de la femme sourde s'éclairèrent
- et dans son cur humilié et meurtri
- jaillit avec fierté la profession de foi:
- "Allah akhbar !
- La vie renaît sur une terre morte;
- résurrection !"
- Et Fatima se prosterna tendrement vers la Terre
- pour lui confier le secret de son espérance.
Texte biblique
: Lamentations 2, 10-13
Curieusement, ce texte évoque l'horreur de la mise à feu
et à sang de Jérusalem par Nabuchodonosor, roi de Babylone.
Aujourd'hui, on peut relire ces textes en protestant pour les centaines
de milliers d'enfants morts de faim depuis la guerre du Golfe.
- Ils sont assis par terre en silence,
- les anciens, la fille de Sion.
- Ils versent la poussière sur leur tête,
- Ils revêtent les sacs,
- Et les vierges de Jérusalem
- Jusqu'à terre prosternent leur tête.
- Mes yeux se consument dans leurs pleurs,
- Mes reins bouillonnent,
- Mon foie, il s'épanche à terre.
- Brisure en lui, mon peuple, ma fille.
- Ils défaillent, les enfants, les tout-petits,
- Dans les rues de la ville.
- À leurs mères ils disent: Où est le froment,
où le vin ?
- Quand ils défaillent en victimes dans les rues de la ville,
- Expirant leur vie sur le sein de leurs mères.
- De quoi témoigner, à quoi te comparer,
- la fille de Jérusalem ?
La politique de sanctions imposée au peuple irakien depuis plus
d'une décennie constitue une des grandes injustices de notre époque.
Elle a entraîné famine et maladie pour des millions d'innocents
en Irak.
Réseau canadien pour la levée des sanctions contre l'Irak
Source:
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biblique de Montréal.
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