chronique du 26 novembre 2010 |
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L’incarnation de l’Évangile dans la cultureLa Bible a été profondément modelée par les mondes dans lesquels elle est née. Qu’on pense seulement aux langues choisies pour l’écrire. Au Moyen-Âge, on pensait que l’hébreu était une langue divine. En réalité, l’hébreu est une langue ordinaire utilisée pour écrire l’Ancien Testament simplement parce que c’était la langue des Israélites. De même, le grec du Nouveau Testament est le grec commun utilisé dans l’est de l’Empire romain au Ier siècle. Cette adaptation à la culture va d’ailleurs beaucoup plus loin que la langue dans la Bible. Le fait que Jésus, Dieu incarné, soitun Juif, un être qui parlait une langue donnée dans une culture précise, portant les vêtements, mangeant la nourriture et dansant les danses des Juifs de son temps est bien sûr l’indice ultime de l’incarnation de la Parole de Dieu dans la culture. L’interaction critique avec la culture s’est poursuivie tout au long de l’histoire de l’Église. L’Église s’est toujours adaptée à la culture dans laquelle l’Évangile a été proclamé. L’Église a donc toujours dû poser la question : « Que peut-on accepter dans la culture, et que doit-on rejeter ou modifier? » Le Christ contre la cultureDans ce modèle, le chrétien rejette essentiellement la culture et se retire de la société. Ce modèle a été adopté par les moines des premiers siècles et plus récemment par des fondamentalistes (comme les Amishs). Ces chrétiens ont choisi de sortir littéralement de la société, pour créer une société parallèle. Le Christ de la cultureCe modèle est à l’autre extrême et prétend que le Christ accomplit la culture. Selon ce modèle, le Christ s’insère parfaitement dans la culture et vient répondre à ses besoins et à ses aspirations. Par exemple, dans ce modèle, puisque l’éthique sexuelle de la société est très permissive, l’éthique sexuelle de l’Église doit aussi l’être. Le Christ qui transforme la cultureCe modèle considère que toutes les cultures et sociétés sont sous la juridiction de Dieu et sont jugées par lui. Il y a donc une attitude critique envers la culture et la société : le chrétien doit s’opposer à ce qui n’est pas conforme à l’Évangile et bénir ce qui est compatible avec l’Évangile. En même temps, ce modèle affirme que l’Évangile a le pouvoir et le chrétien a le devoir de transformer les cultures et les sociétés, et non pas seulement de les juger. Ce modèle insiste sur le fait que la Bible ne décrit pas Dieu seulement comme le Dieu de la rédemption, mais aussi le Dieu de la création, qui demeure présent dans sa création et donc dans l’humanité. Il y a donc dans les cultures et les sociétés (et dans chaque humain) des éléments qui correspondent à la vérité et à l’Évangile. Ce modèle estime que Dieu a déjà commencé à travailler dans le monde, qu’il n’attend pas le retour du Christ pour effacer et remplacer la création et les cultures. L’Évangile au QuébecIl va sans dire que la plupart des chrétiens au Québec voient la nécessité d’entrer dans un dialogue critique avec la culture et la société autour d’eux. La culture grecque n’était pas plus chrétienne que la culture québécoise. Paul et les autres auteurs du Nouveau Testament l’ont pourtant citée et utilisée dans leur proclamation de l’Évangile. Sommes-nous capables nous aussi de reconnaître et bénir ce qui est bon dans la culture québécoise? L’évangélisation est une tâche qui nous invite à entrer en dialogue avec la culture, donc à écouter et à comprendre. Il ne s’agit pas là de marketing pour rendre l’Évangile attrayant, mais du fait que la proclamation de l’Évangile et son incarnation dans notre culture le rendent nécessaire. Article précédent : |
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