chronique du 3 octobre
2006
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Une eau au goût de liberté
Le premier contact de Jésus avec la Samaritaine annonce que leur rencontre bousculera les conventions. Jésus est bien conscient dêtre homme et que, en conséquence, il ne doit pas, dans un lieu public, converser avec une femme en labsence de son mari. Il sait aussi quun Juif ne peut sadresser à cette femme de Samarie, car leurs peuples respectifs sont divisés depuis des siècles pour des raisons politiques et religieuses. Les contraintes ne manquent donc pas pour empêcher le Verbe de Dieu de prendre la parole. Elles apparaissent même comme un obstacle qui se dresse en travers de laccomplissement de la volonté du Père, sur la route que Jésus sest obligé de parcourir en Samarie. Il ny aura de rencontre possible avec la Samaritaine que dans la mesure où Jésus créera un espace de liberté, en secouant les conventions sociales et les interdits religieux que la Samaritaine ne manque pas de lui rappeler, comme pour se libérer dune situation gênante. Lautorité de Jésus est telle que la Samaritaine se laisse entraîner dans la « désobéissance ». Elle y prend même goût puisquelle alimentera la conversation en puisant de plus en plus profondément dans son expérience de vie. Jésus est en effet sensible à son expérience de vie. Il commence par se mettre à son niveau : il a besoin de boire comme elle-même doit venir chaque jour au puits pour refaire sa provision deau. Il ny a pas de meilleure entrée en matière pour que la Samaritaine en arrive à discerner quelle se trouve en présence de quelquun qui peut étancher ses propres soifs. Car elle en a des soifs, certaines étant beaucoup plus importantes que son rêve de ne plus avoir à se déplacer pour puiser de leau. Ses soifs émergent de ses insatisfactions amoureuses et religieuses. Jésus et la Samaritaine sont très modernes dans leur manière dagir. Jésus démontre notamment un grand respect pour cette femme en tant que sujet dont lidentité a été façonnée par lhistoire de son peuple, les traditions religieuses et les coutumes sociales. Mais son identité ne peut pas être exclusivement commandée par un tel cadre, aussi valable soit-il. Elle est plus que ce que son environnement a fait delle. Elle a des idées, des opinions, des convictions qui senracinent dans son expérience de vie et qui vont émerger au gré de la conversation. Jésus, en lui donnant la parole, va lui permettre de trouver progressivement sa place dans la maison de Dieu où le véritable culte est ladoration du Père dans lEsprit de vérité. De même que, de nos jours,
« la parole de quelquun gagne en autorité dans la mesure
où elle est authentique et sincère, dans la mesure où
elle correspond à une expérience »1
, la liberté que Jésus manifeste, dans ses actions et ses
paroles, témoigne de son expérience du Dieu de lalliance
qui a pour toujours associé son nom à la libération
de toutes les servitudes qui détruisent lêtre humain.
La Samaritaine lavait bien saisi quand elle est allé évangéliser
ses compatriotes en leur annonçant quelle avait rencontré
le Sauveur du monde. 1AECQ, Annoncer l'Évangile dans la culture actuelle du Québec, Montréal, Fides, 1999, 34 p.
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