chronique du 5 septembre
2006
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Un puits nommé désir
La Samaritaine navait pas le choix : chaque jour elle devait se rendre au puits de Jacob pour refaire ses provisions deau. Cétait la routine quotidienne qui, certains jours de fatigue ou de grande chaleur, devait être fastidieuse. Jésus, quant à lui, avait le choix de litinéraire pour se rendre de Judée en Galilée. Il aurait pu longer la vallée du Jourdain et éviter tout contact avec les Samaritains. Le goût de prendre quelques jours de vacances au bord de la mer aurait pu aussi lorienter vers la route du littoral de la Méditerranée, quitte à multiplier les kilomètres pour atteindre la Galilée. Mais il lui fallait traverser la Samarie (Jean 4, 4) nous dit lévangéliste. Pourquoi simposer une telle obligation? Sans doute faut-il la comprendre à la lumière de la remarque de Jésus qui, au retour des disciples du « supermarché » de Sychar, ne semble pas intéressé par les provisions quils ont achetées : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui ma envoyé et de mener son uvre à bonne fin », leur dit-il (Jn 4, 34). Or, quelle est cette volonté sinon la définition quil en donne dans la discussion qui suit le partage du pain : Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6, 38-40). La mission de Jésus est de se mettre à la disposition du Père dune part, pour que soit révélée la plénitude de vie et damour offert aux hommes, et au service des êtres humains dautre part, afin que leur quête de sens trouve réponse dans laccueil du projet de Dieu. On retrouve dans cette définition de la volonté du Père rien dautre que la clé théologique qui traverse lensemble de lévangile de Jean, depuis le prologue jusquà la conclusion. On peut traduire en termes de désir ce double mouvement divin et humain qui trouve sa plus belle expression au puits de Jacob. Jésus a soif de la recherche de la Samaritaine. Il désire lui communiquer le don de Dieu. En même temps, il veut susciter chez cette femme audacieuse qui accepte le dialogue malgré les contraintes sociales et religieuses, la soif de connaître Dieu dans toute sa vérité. Ce désir parviendra à sarticuler à travers les méandres de sa recherche de sens. La foi en Jésus, lenvoyé de Dieu, naîtra de la rencontre de ces deux désirs. Jésus est comme le puits doù jaillit lamour de Dieu qui fait vivre en plénitude. Son désir de donner cette eau vive ne pourra être satisfait que dans la mesure où la Samaritaine lui fournira en toute liberté le seau de sa propre expérience de vie, laquelle se verra alors comblée à ras bord des richesses divines.
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