chronique
du 4 juin 2002
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Là-haut sur la montagne
Il n'y a pas que la chèvre de monsieur Seguin qui rêvait de quitter son clos pour aller gambader sur les pentes de la montagne qui se dressait au bout de son champ. Les êtres humains sont également attirés par la montagne. Cet attrait est peut-être motivé par le désir de se libérer de l'horizon limité vu à ras de terre. La montagne permet de contempler le même horizon, mais de haut, en le repoussant un peu plus loin. Mais la fascination de la montagne ne s'arrête pas là. Elle lance un appel au dépassement. Que d'efforts pour la gravir, même si son ascension ne nécessite pas une escalade difficile. La volonté d'atteindre le sommet trouve sa récompense dans la satisfaction d'avoir relevé un défi personnel. En se mesurant à la montagne, l'être humain vit une expérience de solitude qui favorise une découverte de soi. La halte bien méritée au sommet de la montagne est un moment de bonheur que souvent on aimerait bien prolonger. Malgré le bien-être éprouvé, il faut se résoudre à descendre, car la cime n'est pas une demeure permanente. Mais l'expérience de l'ascension laisse sa marque dans la vie quotidienne, sur le plancher des vaches comme on dit familièrement, à cause de l'endurance et de la persévérance que l'on a éprouvées à ce moment-là. La montagne occupe une grande place dans l'environnement des pays de la Bible. Mis à part la plaine côtière de la Méditerranée, la dépression du Jourdain et de la mer Morte qui se prolonge jusqu'à la mer Rouge et quelques vallées de la Galilée, les habitants du monde biblique ont évolué dans un environnement accidenté. La montagne a façonné un univers symbolique qui exprime certains aspects de l'expérience de la foi et de la rencontre de Dieu. La montagne, à cause de son altitude et du mystère qui l'enveloppe, apparaît dans le monde antique comme un point de rencontre entre le monde des hommes et celui de Dieu, sinon comme la demeure de la divinité. Dans le monde biblique, la montagne est perçue comme le symbole de la fidélité et de la stabilité de Dieu. En effet, les générations humaines passent, mais les montagnes demeurent de génération en génération : Avant que les montagnes fussent nées, à jamais tu es Dieu, chante-t-on dans le Psaume 90, 2. Cependant les montagnes ne sont pas divinisées. Ailleurs on dira que Dieu pèse les montagnes au crochet et les collines à la balance (Isaïe 40, 12) et qu'il les maintient par sa force (Ps 65, 7). La montagne est aussi un lieu de rencontre de Dieu où celui-ci révèle son projet de salut pour le peuple des croyants. Sur le Sinaï, Yahvé donne sa loi à Moïse. Sur le mont Sion à Jérusalem, David construit un temple au Seigneur. C'est là que le peuple monte en pèlerinage pour louer Dieu. Sur une colline bordant le lac de Galilée, Jésus enseigne la loi nouvelle des Béatitudes. Sur le mont Thabor, quelques disciples sont témoins de la relation filiale de Jésus avec le Père. La montagne est associée aussi à l'expérience de la foi qui apparaît alors comme une montée de l'homme vers Dieu, attiré par le désir de sa rencontre. Mais l'expérience de la foi exige la persévérance car elle fait vivre à la personne un dépassement de soi, dans un acte de confiance sans cesse renouvelée en Dieu qui l'attire à lui. De même que l'horizon s'élargit à mesure que l'on gravit la montagne, ainsi le croyant ou la croyante saisit que la foi apporte un regard d'éternité sur sa vie terrestre. Yves Guillemette, ptre
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