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Coups de coeurs
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chronique du 7 mai 2002
 

À table avec les pécheurs

 

"Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu'ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe (...) car tu n'aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui." Ainsi s'exprimait l'auteur du livre de la Sagesse.

     "Tu fermes les yeux sur leurs péchés pour qu'ils se convertissent!" Quelle image! Même s'il "sait tout", même s'il "voit tout", Dieu choisit de fermer les yeux afin que les pécheurs reviennent à lui. Quand on pense qu'on a longtemps "fait peur au monde" avec un Dieu sévère, n'accordant le pardon qu'à ceux et celles qui remplissaient d'abord les conditions nécessaires... Honte à qui défigure l'image de Dieu et s'en sert pour effrayer ou pour exclure! Combien de tragédies intérieures, secrètes et douloureuses sont vécues quand des personnes croient que Dieu les rejette parce qu'on les met à part, les exclut ou les excommunie en son nom!

     "Tu fermes les yeux sur leurs péchés pour qu'ils se convertissent!" Dieu fait les premiers pas. Comme Jésus. Comment, en effet, ne pas penser à lui qui avait l'habitude de partager la table des exclus, au risque de choquer les bonnes gens. "Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: 'Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux!' "

     Ah! Les pharisiens et les scribes. Dans la société de Jésus, ce sont les fidèles, les pratiquants, ceux qui connaissent bien la religion. Face à eux, les publicains et les pécheurs, les personnes à la conduite répréhensible ou immorale, qui ne sont pas "en règle", ceux et celles que l'on ne doit pas fréquenter. D'un côté, "le bon monde"; de l'autre, "les pécheurs". Et Jésus, ô scandale!, ne respecte pas les convenances. Ces gens-là, s'exclament les bien-pensants, n'ont pas mérité sa présence et n'en sont pas dignes! Jésus va donner l'impression d'approuver leur conduite, de leur donner raison dans leur comportement déviant...

     "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin d'un médecin, mais les malades!", rétorque Jésus. "Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs!" "Qui m'a vu a vu le Père", dira-t-il plus tard. En paroles et en actes, Jésus révèle Dieu sous les traits de ce père qui accueille à bras ouverts le fils prodigue et débauché et qui organise un repas de fête en son honneur. Au fils aîné qui s'en indigne, le père répond : "Il fallait bien festoyer et se réjouir; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé!" Dieu prépare la table et y accueille le pécheur. Ce repas de fête n'est ni une récompense ni une approbation de la conduite antérieure du fils prodigue. Il recrée et célèbre la communion d'amour entre un père et son fils.

     La veille de sa mort, Jésus est à table avec ses disciples, comme il s'est mis à table, tout au long de son ministère, avec les riches, les pauvres, les pharisiens, les prostituées, les fidèles, les collecteurs d'impôts, chez Matthieu (Lévi), chez Pierre, chez Simon le lépreux, chez Simon le pharisien, chez Zachée... "fermant les yeux sur leurs péchés pour qu'ils se convertissent". Ces repas du Seigneur résument toute la Bonne Nouvelle. S'il fallait exclure les pécheurs de la communauté, il n'y aurait plus personne. "Amen, je vous le déclare: les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu."

     La Table autour de laquelle nous nous réunissons chaque dimanche, c'est celle de ce même Jésus qui bâtit une Église avec les pécheurs que nous sommes. Et l'Eucharistie est Présence de ce Seigneur qui s'invite chez nous, vient s'asseoir à table et se livre, Corps rompu, Sang versé, Vie donnée.

     "Vous ferez cela en mémoire de moi."

 

Bertrand Ouellet
[email protected]

Références:

La citation du livre de la Sagesse: 11, 23-24.
Le fils prodigue: Luc 15, 11-32.
Des repas de Jésus: chez Matthieu-Lévi (Marc 2, 15-17); chez Simon le lépreux (Marc 14, 3-9); chez Simon le Pharisien (Luc 7, 36-50); chez des Pharisiens (Luc 11, 37-54 et 14, 1-14); chez Marthe et Marie (Luc 10, 38-42); chez Zachée (Luc 19, 1-10).

 

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