chronique
du 23 avril 2002
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Comment vas-tu, Jérusalem?
Devant la menace imminente du siège de Jérusalem par les armées babyloniennes en 598 A.C., le prophète Jérémie lance ce cri du coeur qui est aussi le nôtre: Qui donc a compassion de toi, Jérusalem? (Jérémie 15, 5) - Jérusalem ! Même si nous sommes loin de toi par la géographie, nous sommes toutefois proches par le coeur et par les racines de notre foi. Que Jérémie ne se sente pas seul ! En écho à sa plainte, nous te le demandons : comment vas-tu ? - Mal, très mal ! Mon coeur se tord en moi, en voyant tous ceux qui versent le sang comme de l'eau alentour de moi. Cela n'est pas nouveau, mais je ne peux m'y habituer. Depuis le jour où David s'est emparé de la petite bourgade que j'étais occupée par les Jébuséens, tous les empires se sont succédé pour me posséder. J'en ai vu des armées m'assiéger, à l'occasion raser mes vieux murs au sol et me reconstruire à leur goût : Babyloniens, Grecs, Romains, Byzantins, Mamelouks d'Égypte, Européens, Arabes, Turcs. Il y a eu aussi le Protectorat anglais. Aujourd'hui je suis devenue un enjeu pour les Israéliens et les Palestiniens. On veut me posséder, mais je me demande si on est possédé par mon esprit. - Que veux-tu dire, Jérusalem ? Mon esprit est dans mon nom, qui signifie : « Ville-de-la-paix ». Le prophète Isaïe avait même entrevu qu'un jour, après un temps de purification, on m'appellerait d'un nom nouveau : « Ville-de-Justice », « Cité-fidèle ». J'avoue qu'à cette époque-là je ne donnais pas cher de la fidélité de mes habitants à pratiquer la justice exigée par l'alliance qui les liait au Seigneur. - Qu'est-ce qui te rendrait heureuse ? Que les hommes aient un profond respect de ma vocation ! Mon bonheur, c'est de voir des hommes de toutes langues, de toutes cultures, de toutes religions monter vers moi. C'est de les voir franchir mes portes : la porte de Damas tournée vers l'est ; celle de Jaffa, vers l'ouest. J'ai le sentiment d'être pleinement moi-même lorsque tous circulent dans mes rues et mes ruelles et que, dans un esprit de fraternité universelle, ils découvrent la joie d'appartenir au peuple des chercheurs de Dieu même si leurs chemins sont parfois différents. C'est alors qu'en se laissant imprégner de mon esprit les hommes se découvriront enfants d'un même Dieu. Que je voudrais que l'espérance d'Isaïe se réalise ! Debout ! Resplendis ! car voici ta lumière, (Isaïe 60, 1-30) Yves Guillemette, ptre
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