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Gethsémani
Mon âme est triste à en mourir.
Des bombes explosent.
Portées par des enfants en plein jour.
Ou tombées du ciel la nuit.
Dans la rue.
Sur des écoles.
Dans des autobus.
Près d'hôpitaux.
La haine est mère de la haine.
Et soeur du désespoir.
Un oeil pour un oeil.
Puis deux. Puis trois.
Et puis mille.
Tous aveuglés par la vengeance.
D'où vient ce monde qui engendre des faiseurs de bombes?
Père! Nous as-tu abandonnés?
Mon âme est triste à en mourir.
Des criminels s'entre-tuent.
Et des passants meurent.
Des chauffards boivent.
Et des enfants sont fauchés.
La médiocrité s'installe.
Et on s'empoisonne à boire l'eau du robinet.
Les consciences s'endorment.
Et des vieillards périssent.
Des fabricants de mines font des affaires d'or.
Et des fonds de pension s'enrichissent.
D'où vient cette terre que la mort indiffère?
Père! Nous as-tu abandonnés?
Mon âme est triste à en mourir.
Des femmes sont terrorisées.
Battues. Humiliées. Mutilées. Lapidées.
Des adolescents sont harcelés et se suicident.
De jeunes gais sont torturés, assassinés.
Des enfants sont violés.
Dans des garderies.
Dans des centres sportifs.
Dans des familles d'accueil.
Dans des familles tout court.
Dans de lointains pays, par des « touristes sexuels ».
Et par des voisins, tout près d'ici.
Par des éducateurs en qui ils avaient confiance.
Et même par leurs pasteurs.
D'où vient cette société qui enfante la cruauté?
Cette humanité inhumaine.
Père! Nous as-tu abandonnés?
On a défiguré, profané ton image.
J'ai mal.
Abba! Ô mon Père!
Pardonne-leur.
Ils ne savent pas ce qu'ils font.
La multitude avait été consternée en le voyant.
Il était si défiguré qu'il ne ressemblait
plus à un homme.
C'était nos souffrances qu'il portait,
nos douleurs dont il était chargé.
C'est à cause de nos fautes qu'il a été
transpercé,
c'est à cause de nos péchés qu'il a été
broyé.
28 mars 2002
Jeudi Saint
Bertrand Ouellet
[email protected]
Références :
L'agonie de Jésus au jardin de Gethsémani est racontée dans les évangiles synoptiques: Matthieu 26, 36-46; Marc 14, 32-42 (Mon âme est triste à en mourir, v.34); Luc 22, 40-46.
La description du Serviteur souffrant, défiguré, vient du livre d'Isaïe (52,13 à 53,12).
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